Un service civil volontaire ou obligatoire ?


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Il y a de grandes chances que le débat soit au cœur de la campagne présidentielle depuis que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy se sont prononcés en faveur d’un service civil obligatoire. Les Français (59%), qui s’en tiennent aux principes et non aux modalités et aux coûts, regrettent la suspension ( pour ne pas dire la suppression ) du service national décidée par Jacques Chirac en 1996. La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a dit à plusieurs reprises qu’un projet de service obligatoire coûterait plus de 7 milliards d’euros par an et qu’il était « totalement irréaliste » de l’envisager. La Défense ne peut d’ailleurs plus être concernée ; elle n’a plus de casernes, d’habillement, bref de tout ce qui serait nécessaire pour réaliser un tel projet. Les Français semblent l’avoir compris même s’ils persistent à regretter la décision de 1996.
En ce qui concerne un service civil, aux contours encore mal définis mais qui aurait le mérite de « reconstruire » les jeunes, de leur donner le sens des responsabilités, de la vie en société, en un mot de leur redonner un esprit civique qui se serait perdu, les Français sont partagés. D’après un sondage IFOP pour Valeurs Actuelles, réalisé à la fin du mois de juin dernier, 46% seraient favorables au volontariat et 44% pour l’obligation. Les jeunes, interrogés, se déclarent franchement contre le projet qui, s’il était réalisé par les socialistes, serait « notre CPE » affirme Jack Lang, le porte-parole des jeunes dans ce genre de débat.
La fraction la plus radicalement opposée à un service civil obligatoire considère que ce « projet serait pire que le CPE car plus sournois, car il joue sur la corde délicate du délitement social et du désir d’engagement des jeunes dans des causes qui les sensibilisent ». Ils craignent un consensus pour « répondre à la violence des jeunes et à une demande de morale sociale et d’autoritarisme ». Pour eux, le développement du volontariat ne peut reposer que sur une politique soucieuse d’émancipation des jeunes. Ils dénoncent « l’idée lumineuse » de faire payer à 700 000 jeunes par an un impôt en nature et « d’utiliser la générosité des jeunes à des fins économiques pour l’Etat qui ne supporte pas que le peuple devienne plus critique et moins facilement gouvernable ».
Pour réaliser ce projet il faudra donc un large consensus national qui confirme le sondage, une concertation qui permette de développer un argumentaire sérieux qui ne laisse aucune place à l’improvisation et aux interprétations et une sincérité qui chasse toutes les arrière-pensées si tant est qu’il puisse y en avoir. La partie n’est pas gagnée d’avance contrairement à ce laissent supposer les sondages.
Rendre le service obligatoire ne sera pas aisé. C’est pourtant une impérieuse nécessité si on veut remettre un peu d’ordre dans la maison France.


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