L’Europe n’avance plus à petits pas, elle recule à grands pas !


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L’attitude de la Chancelière allemande, dans la crise que traverse la Grèce, a fait l’effet d’une bombe. Les Européens, dans l’ensemble, n’ont pas compris que depuis la réunification, l’Allemagne était devenue un pays comme les autres. Après des décennies de souveraineté limitée, l’amitié n’est plus obligatoire. L’euro est sa monnaie, à son image et la Banque Centrale Européenne, qui, normalement, aurait dû prêter à la Grèce, a été priée de s’abstenir, au grand dam de Jean-Claude Trichet qui a eu bien du mal à retenir son mécontentement.
Si certains pays ne le comprennent pas, continuent à tricher, à faire la fête avec les fonds structurels, sans faire les réformes nécessaires, le réveil sera brutal. Ils n’auront pas d’autres solutions que de sortir de la zone euro et recommencer à faire des dévaluations compétitives pour s’en sortir. Vaste programme !
Que l’attitude allemande soit discutable sur le plan de l’orthodoxie économique, n’est pas le problème. Les options allemandes sur la compétitivité, le niveau de la demande, les salaires, la valeur de la monnaie, sont ce qu’elles sont. Il va falloir s’y faire ! Dans le même temps, la haute représentante pour les affaires extérieures et la politique de sécurité, Catherine Ashton, que personne ne connait, se prépare à emménager dans son immeuble de Bruxelles avec les 4 000 personnes sous sa responsabilité. Elle a, sur les principaux sujets qui relèvent de sa compétence, une attitude qui peut surprendre. Ce n’est pas ce qui avait été promis aux populations culpabilisées et vivement encouragées à adopter le traité de Lisbonne. Pour l’instant, il y a mal donne. Une défense européenne, la baronne Ashton n’en voit pas la nécessité ! Peser sur le règlement de la question israélo-palestinienne, alors que l’Europe finance en grande partie les reconstructions successives et l’Autorité palestinienne, n’est visiblement pas dans son ordre de mission. Participer à la mise au point de sanctions efficaces contre l’Iran, semble ne concerner que certains chefs d’Etat, mais pas l’ensemble de l’Union. Œuvrer pour empêcher le Pakistan de tomber entre les mains des talibans, est au dessus de ses moyens. Prendre des initiatives en Afrique et dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée, n’est plus à l’ordre du jour. Bref, dispenser de bonnes paroles, évoquer les droits de l’homme, développer l’action humanitaire, « faire la vaisselle » pour l’OTAN, sont les seules actions qui font l’unanimité dans les 27 pays membres ; c’est donc ce que fera la haute représentante et c’est sans doute ce qu’on lui demande de faire…avec 4 000 personnes et un immeuble flambant neuf !
L’Europe de Jean Monnet n’avance plus à petits pas, elle recule à grands pas. Sans politique étrangère, sans gouvernance économique, sans défense européenne et avec une monnaie virtuelle, l’Europe, après la crise, ne sera plus une puissance, elle ne sera plus grand-chose, seulement une grande Suisse.
Pour le reste du monde, elle restera un marché, mais l’Europe ne sera plus ni un problème, ni une solution. Quand le Président de la République française déclare qu’il défendra les intérêts agricoles de son pays…jusqu’à la crise, il résume assez bien, dans une de ces formules dont il a le secret, l’état dans lequel est l’Union européenne au mois d’avril 2010 dans la deuxième phase de la crise qui crispe les postures.
Dans la prospérité, avant le crash financier et l’entrée en récession, les comportements nationalistes n’étaient pas visibles, cachés qu’ils étaient derrière les embrassades et les tapes dans le dos …à l’intention des photographes. Aujourd’hui, les masques tombent.
Il faut se rendre à l’évidence, l’Europe est dans la tourmente.


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