Le général Hasard était à OMAHA le 6 juin 1944.


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A neuf heures du matin, le 6 juin 1944, à bord du navire amiral « Augusta », le général Omar Bradley, commandant la 1er Armée américaine, prend connaissance du rapport du 5ème corps américain qui vient de lui parvenir et ne comprend pas. Sur la foi des renseignements collectés, le plan d’opérations prévoyait de débarquer aux lieux dits « Easy Red » et « Fox green », entrés dans l’histoire sous le nom d’OMAHA. L’opération consistait à ouvrir aux fantassins et aux chars l’accès du banc de galets de six kilomètres au pied d’une haute falaise qui devait être très faiblement protégée.
Le triste rapport, que le général a sous les yeux, résume ce qui s’est passé : « Nos unités d’assaut sont en train de fondre à vue d’œil. Nos pertes sont très élevées. Le tir de l’ennemi nous empêche de nous emparer du rivage. Les unités amenées à terre sont agglomérées sur une étroite bande de terrain. Les pionniers ne peuvent arriver à frayer des passages à travers des champs de mine et les défenses accessoires. Les chars et les véhicules blindés sont immobilisés. Nous avons identifié chez l’ennemi des éléments de la 716è DI, mais aussi de la 352è.
Le général Bradley s’interroge. Ces unités allemandes ne devraient pas être là. Comment a-t-on pu se tromper pareillement. Le secteur entre les embouchures de l’Orne et de la Vire ne devait être tenu que par la seule 716è division allemande. Comment les services de renseignement, si bien informés, ont-t-ils pu se tromper ?
Au mois de mai, le maréchal Rommel avait décidé de placer la 352è division motorisée à la gauche de la 716è et de déplacer un certain nombre de bataillons de grenadiers pour renforcer la 352è. L’agent de renseignement alliés, chargé du secteur Colleville-Vierville, ne comprit ces mouvements compliqués, et le renforcement décidé, que dans les derniers jours du mois de mai. Il décida alors, dans l’urgence, d’envoyer par pigeon le renseignement qui modifiait significativement les défenses allemandes. Pour être sûr que son message parvienne bien, en temps voulu à son destinataire, il en envoya un second.
Malheureusement, un soldat allemand de la 716è division abattit les deux pigeons et le renseignement ne parvint jamais aux forces alliées.
Le hasard et l’erreur sont dans toutes les guerres les généraux les plus connus. Tolstoï a admirablement traité du sujet dans « Guerre et Paix ». Avant lui, les récits de batailles du temps des Grecs, des Perses et des Romains comportaient de nombreux exemples de situations dans lesquelles le hasard a été déterminant.
Les pigeons d’OMAHA sont moins connus !


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