L’année qui a ébranlé le monde, l’Europe et la France. (6ème Partie)


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14 juillet 2016 – Lors de la traditionnelle interview, François Hollande avait été interrogé sur la place d’Emmanuel Macron au gouvernement. Le Président s’était contenté de répondre que ce n’était pas l’une de ses principales préoccupations. Cependant, « Dans un gouvernement, il y a des règles. La première, c’est la solidarité, c’est l’esprit d’équipe, c’est de défendre le bilan, c’est d’être à plein temps dans sa tâche, et donc c’est une règle qu’il doit respecter. » « Et puis il y en a une deuxième, dans un gouvernement : il n’y a pas de démarche personnelle, encore moins présidentielle, il y a tout simplement servir et servir jusqu’au bout, Ces deux règles, ces règles essentielles, sont celles de la composition d’un gouvernement, je n’en dirai pas plus. Respecter ces règles, c’est rester au gouvernement, ne pas les respecter, c’est ne pas y rester », avait alors menacé le Président. Manuel Valls avait précipité les choses en disant qu’il était « temps que tout cela s’arrête« . Il avait même accusé Emmanuel Macron de « céder aux sirènes du populisme » en disant qu’il était « anti-système ».

« Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte », aurait dit Victor Hugo.

Les journalistes s’interrogeaient. Est-ce la provocation de trop ? Emmanuel Macron va-t-il être sanctionné ? Au Conseil des ministres du mercredi 13 juillet, le meeting de la Mutualité n’avait pas été évoqué. Si le chef de l’Etat ne réagissait pas, son autorité serait, à n’en pas douter, encore remise en cause.  Il y avait toutefois un intérêt tactique à conserver cet éventuel rival dans l’équipe gouvernementale.

L’actualité était chargée. Le Brexit, la prise de fonction de Theresa May,  l’avenir de l’Union européenne,  une France « qui va mieux. »  François Hollande ne pouvait pas rester inerte au sujet de son ministre de l’Economie qui était visiblement «en marche» et au bord du Rubicon. Il multipliait les provocations, les allusions et pendant ce temps là, à l’Elysée, on feignait de ne pas voir les offenses. En ce jour de fête nationale, c’était la cacophonie!

14 juillet 2017 – Un an après, Emmanuel Macron est à l’Élysée. Deux mois seulement après son élection, le monde, l’Europe, la France, observent son style avec curiosité. Ce nouveau chef de l’État construit méthodiquement son image, celle de la new France et son autorité. L’agenda international et national a facilité son installation à l’Élysée. Aux sommets de l’OTAN et du G7, il a fait son entrée dans la cour des Grands. Sans expérience internationale, c’est ce que disaient ses adversaires, il s’est avéré très à l’aise et à la hauteur qui convenait dans ce genre de rencontres. Avec la Chancelière allemande, Angela Merkel, son style, sa bonne éducation, son charme, sa volonté de réforme, ont, pour l’instant, grandement contribué à restaurer la confiance. Avec Donald Trump, il a mis en scène habilement une poignée de main présentée comme un bras de fer. L’inauguration de l’exposition  » Pierre le Grand  » à Versailles lui a donné l’occasion de recevoir Vladimir Poutine avec des égards auxquels il n’était plus habitué. Enfin, la présence du président des États-Unis sur les Champs-Élysées pour le défilé du 14-Juillet et du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, pour célébrer avec lui le 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv ont été, dans l’ensemble, favorablement commentées par la presse internationale. Donald Trump a semblé fasciné par la personnalité et l’ascension de ce jeune chef d’État de moins de 40 ans qui pourrait être son fils. En France, pays de la chamaillerie permanente, ces invitations ont été critiquées par ceux-là mêmes qui réclamaient, pendant la campagne présidentielle, un réchauffement des relations diplomatiques avec ces pays qui comptent dans le monde. Partisan du dialogue et du « partage des désaccords », Emmanuel Macron a, de l’avis général, réussi cette séquence et imposé un style fait d’audace, de franchise et de détermination. Il aspire à faire de la France un pont entre l’Europe et les États-Unis.

Emmanuel Macron et Vladimir Poutine à Versailles, dans la salle des Batailles

Sur le plan intérieur, c’est une autre affaire. Certains commencent à se demander si Emmanuel Macron n’a pas déjà fait sienne la devise « Oderint, dum metuant » (« Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent ! »), devise attribuée à Caligula, mais qui figure, en réalité, dans une tragédie latine du IIe siècle avant J.-C., écrite par Lucius Accius. Des voix s’élèvent pour critiquer la méthode autoritaire, pour ne pas dire l’autoritarisme du nouveau président. L’opposition ne va faire que grandir avec la mise en œuvre des réformes. Les bras de fer vont se multiplier. Personne ne veut être la variable d’ajustement.

« Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte »…

La méthode employée pour réformer le Code du travail dans les plus brefs délais fait des vagues. Les élus locaux, hier, ont réservé un accueil glacial au chef de l’État venu leur dire, les yeux dans les yeux : « Il faut engager une réduction du nombre des élus locaux, comme nous allons engager une réduction du nombre de parlementaires ». Avec un courage qu’il convient de saluer, tant il est nouveau, Emmanuel Macron a confirmé que l’exécutif demandera aux élus locaux non pas 10, mais 13 milliards d’euros d’économies ces cinq prochaines années. Les seules concessions qu’il consent porteront sur la méthode. Alors que « la logique budgétaire consisterait à diminuer les dotations en 2018 »…  Le chef de l’État lance l’idée d’un « pacte ». Inutile de dire que la réponse a été brutale. « On ne peut pas s’essuyer une nouvelle fois les pieds sur les collectivités locales », a réagi le président de l’Association des maires de France (AMF). « Sur les trois dernières années, les collectivités ont réalisé 34 % d’économie à l’échelle de toutes les dépenses nationales, alors que 80 % de la dette est de la responsabilité de l’État […]. Nous nous sommes donc déjà beaucoup serrés la ceinture. Là je dis que trop, c’est trop », a conclu M. Baroin.

Les affaires intérieures ne sont décidément pas de tout repos. Les prédécesseurs d’Emmanuel Macron avaient eu l’occasion de s’en rendre compte. Ces Français sont sans pitié ! Accusé de jouer au petit chef, pour les uns, et d’employer des méthodes « managériales, par les autres, le président de la République fait, à son tour, le constat que les affaires intérieures sont très difficile à gérer même avec tous les pouvoirs ou presque. Les prédécesseurs d’Emmanuel Macron avaient eu l’occasion de s’en rendre compte. Ces Français sont sans pitié !

Le président de la République et le chef d’Etat-Major des armées le 14 juillet 2017

Le 13 juillet, à l’Hôtel de Brienne, le président de la République a dit, sur un ton auquel les militaires n’étaient plus habitués, que le monde instable, dangereux, dans lequel nous vivons, impose une discipline, cette force principale des armées, sans faille. Le chef d’État-major des armées avait, ces dernières années, une liberté d’expression qui, manifestement, n’est plus de circonstance. Le général d’armée Pierre de Villiers, peut et doit le comprendre après une explication avec le chef de l’État. C’est un grand soldat qui ne doit pas entrer en résistance.

Jean Guisnel, dans Le Point, va peut-être un peu loin quand il écrit : « Emmanuel Macron n’a-t-il pas confondu autorité et caporalisme en lançant : « Je n’ai besoin de nulle pression et de nul commentaire » ? Ce féru de théâtre a dû se souvenir de la pièce « Les Gaités de l’escadron », dans laquelle Georges Courteline fait dire à l’adjudant Flick, archétype de la brute galonnée : « Je ne vous demande pas de commentaires, je vous dis d’aller porter vos gamelles à la cuisine et de filer balayer les lieux, c’est clair, hein ?…. Mais enfin, voulez-vous vous taire, nom de Dieu ? » Halte au feu ! Un peu de calme.

Depuis le 13 juillet, la communauté de défense est vent debout. Nul ne doit douter, me semble-t-il, que le chef de l’État, très conscient des difficultés rencontrées par nos armées pour accomplir les tâches qui leur sont imposées et désireux de maintenir un outil militaire moderne pour faire face aux menaces, capable de dissuader tous ceux qui attenteraient à nos intérêts vitaux, de répondre au terrorisme, fera en sorte, malgré les contraintes budgétaires, que l’objectif de consacrer 2 % du produit intérieur brut (PIB) à l’effort de défense en 2025, sera tenu. Le contraire serait une faute.

Aujourd’hui, le Fonds Monétaire International salue les réformes « ambitieuses » engagées par Emmanuel Macron. La France vient de prendre la tête du classement des nations les plus influentes au monde en matière de « soft power », c’est-à-dire de capacité d’influence et de persuasion de l’État, de ses dirigeants politiques, économiques et culturels sur le plan international.

On ne peut pas plaire à tout le monde ! Il y a des priorités.

A suivre…

 

 


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