La provocation, de Berlin à Beyrouth


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L’actualité s’est chargée de relativiser le geste impardonnable de Zidane et de le réduire à ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. Trois jours après la provocation préméditée du bellâtre tatoué et la violente réponse du meilleur joueur de football de la planète, les mêmes mots sont employés pour expliquer ce qui se passe à Beyrouth. Le même milliard de téléspectateurs, notamment les enfants, regardent ébahis les événements se succéder. Ils comprennent très bien quand le maître d’école explique pourquoi et comment Cyrano de Bergerac provoque en duel un vicomte qui a osé le traiter de « maraud, faquin, butor de pied plat ridicule, de bouffon ». La tirade fait rire ; elle a traversé le temps, même si à la fin de l’envoi, il touche….
A Beyrouth, donc, les Israéliens ont donné à leur brutale intervention militaire le nom de : « Punition adéquate » en réponse à la provocation du Hezbollah qui, sous le nom de code : « Promesse tenue », a capturé deux soldats israéliens, sans même en informer le gouvernement libanais auquel il appartient. L’Union européenne (comme la FIFA !) a qualifié la réaction israélienne de « disproportionnée ». J’espère que les journalistes du monde entier qui viennent de se ridiculiser, pour la plupart, en dissertant à n’en plus finir sur un coup de tête et sur l’honneur perdu de l’Occident, vont reprendre leurs esprits. A leur décharge, s’il est exact que le vice-président du Sénat italien a effectivement déclaré que son équipe avait battu « une équipe de noirs, d’islamistes et de communistes », alors il s’agit d’une affaire d’Etat, un « casus belli ». Il y a cent ans, La France aurait déclaré la guerre à l’Italie pour moins que çà. La dépêche d’Ems, le 9 juillet 1870 ( décidément !), qui déclencha la guerre franco-allemande de 1870 et qui entraîna la chute de l’Empire français, était beaucoup moins insultante.
Pour revenir à des choses beaucoup plus graves, le Hezbollah, « le parti de Dieu », mouvement chiite fondamentaliste armé, qui a pour objectif de créer un Etat islamiste, utilise une nouvelle fois la stratégie de la prise d’otages pour déclencher une confrontation avec Israël et ouvrir un deuxième front après Gaza. Le Hezbollah, qui a préparé cette opération de longue date, est soutenu par la Syrie et l’Iran, qui ont intérêt à déstabiliser le Liban. Il est soutenu également par le Hamas qui appartient à la même mouvance. Les risques qu’ils prennent sont soigneusement calculés. Il faut notamment éviter que le procès des assassins de Rafic Hariri se déroule normalement, démontrer que les Iraniens ont besoin du nucléaire pour se défendre contre la menace israélienne et restaurer l’influence de la Syrie sur le Liban.
La Communauté internationale, sous toutes ses formes, de l’ONU à l’Union européenne, du G8, qui se réunit à Saint Petersbourg ce week-end, à la Ligue arabe, est divisée et impuissante. Elle réclame la paix par la négociation mais n’a pas les moyens et la volonté de l’imposer.
Au Liban, où la population, morte de peur, est revenue vingt cinq ans en arrière, c’est la consternation. Le Festival de Byblos avait prévu de recevoir le 15 juillet la star jamaïcaine du reggae Sean Paul. A Baalbeck, situé en territoire occupé par le Hezbollah, c’est une comédie musicale des frères Rahbani qui devait être présentée demain dans l’espace aménagé entre les temples de Jupiter et de Bacchus pour célébrer le 50ème anniversaire du festival. Le Liban est de nouveau en guerre, une guerre que la majorité de la population n’a pas voulue.


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