La France est une grande nation, mais, pour le demeurer, il faut qu’elle s’en souvienne. » (Cardinal Mercier)


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Ceux qui ont assisté à la cérémonie d’hommage national rendu aux soldats morts en Afghanistan n’ont plus de doute sur la capacité du Président de la République à assumer sa fonction. Cet hommage était à la hauteur de l’événement. Le Président avait la gravité, le masque, le comportement que les Français attendent de leur Chef d’Etat Ils seraient sans doute même prêts à accepter que la France remplace régulièrement la Principauté de Monaco dans les magazines, à condition que les options politiques et stratégiques de la France soient clairement exprimées.
Or, ce n’est pas le cas. Il ne suffit pas d’exprimer son émotion, de prononcer les mots qu’il faut, de s’interroger sur le déroulement de l’embuscade dans la vallée d’Uzbin, de se poser la question de savoir si les renforts ont tardé, si des tirs fratricides ont ajouté au drame, si les jeunes soldats étaient suffisamment entraînés et si leur équipement était bien adapté. Il ne suffit plus d’affirmer que la seule solution au problème que le terrorisme international pose à l’Occident est celle appliquée actuellement par l’OTAN au nom de la Communauté internationale.
Les Français qui ont répondu au sondage de l’Institut CSA publié par le journal Le Parisien, ont parfaitement compris la différence qui doit être faite entre l’engagement militaire de la France en Afghanistan, qu’il conteste pour 55% d’entre eux, et le fond du problème qui est de savoir si, avec ces moyens et cette stratégie, nous avons des chances de l’emporter sur les talibans. Depuis le 11 septembre, la majorité de nos concitoyens est consciente que le terrorisme qui se cache en Afghanistan constitue une menace pour notre indépendance, notre mode de vie, notre civilisation. Les Français en sont conscients mais ils veulent savoir si la Communauté internationale a des chances de vaincre, là où les Russes ont échoué, si les politiques font les bons choix, tant au plan stratégique que techniques et donc budgétaires.
Nous avons échoué en Algérie avec un million d’hommes sous les drapeaux. En Afghanistan, il n’y aurait que 70 000 hommes. Oui, je sais, rien n’est comparable. C’est ce qu’on disait déjà pour expliquer l’enlisement de la coalition en Irak qui, pourtant, n’avait pas d’autre explication que l’insuffisante présence au sol. Ce n’est donc pas le retrait des troupes d’Afghanistan que les Français, par l’intermédiaire de la Commission parlementaire qui se réunira à la fin du mois de septembre, doit demander au Président de la République, mais que celui-ci prenne une position claire, courageuse, indépendante, et qui sera soutenue par l’opinion publique, pour exiger que les moyens mis en œuvre en Afghanistan soient ceux qui réunissent toutes les chances de vaincre et ne consistent pas seulement à tuer de très nombreux civils avec des frappes aériennes, mais à trouver une solution politique.
C’est son devoir vis à vis des Français et des familles qui lui demandent des comptes. En possession du Livre Blanc sur la défense et la sécurité, il doit avoir les idées claires ; à lui de les exprimer et de montrer par là que la France n’est pas un pays comme les autres.
En écoutant le Président Sarkozy, lundi, je pensais à ce mot du Cardinal Mercier au Maréchal Foch : « La France est une grande nation, mais, pour le demeurer, il faut qu’elle s’en souvienne ».


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