Visite du cimetière américain de Colleville-sur-Mer.


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– Bonjour monsieur, qu’est ce que vous faites ?
– Bonjour, je passe un produit contre la mousse.
– Vous préparez la visite du Président Obama ?
– Oui !
Le jardinier du cimetière américain de Colleville-sur-Mer, accroupi devant une des 9 387 croix blanches, s’est relevé pour voir qui lui posait ces questions et dégourdir ses jambes qui ne sont plus toutes jeunes. Nous n’étions pas venus à Colleville, ma femme et moi, depuis la Pentecôte 1993. Le site, qui surplombe la plage d’Omaha est impressionnant. L’alignement des croix et étoiles de David blanches sur la verte pelouse dont notre jardinier est, à juste titre, si fier, bouleverse tous ceux qui avancent entre les tombes.
L’émotion est palpable sur le visage des Américains, nombreux et de tous âges, qui vont de stèles en stèles, lire les noms de leurs jeunes compatriotes qui ont donné leur vie pour que nous puissions être libres.
Le jardinier nous montra deux croix blanches, aux pieds desquelles des roses fraiches avaient été récemment posées.
– « Ce sont les tombes des frères Niland. Depuis le film de Spielberg : « Il faut sauver le soldat Ryan », il y a beaucoup plus de monde et ces tombes sont toujours fleuries ; ce sont les plus visitées. »
En 1993, il y a seize ans, il y avait en effet beaucoup moins de visiteurs. Le 23 avril dernier, de nombreuses classes, venues souvent de loin, écoutaient les explications de leurs professeurs. Sur le vaste parking, de nombreux cars avaient déversé leurs passagers, anglais, américains, français. Dans les allées du cimetière, il y avait des vétérans, avec leurs décorations, mais aussi des jeunes gens, peut être d’arrières petits-enfants qui ne veulent pas achever leur séjour en France sans aller se recueillir devant les tombes de leurs ainés. Il y aurait maintenant près d’un million de visiteurs chaque année.
Le nouveau Président des Etats-Unis, Barack Obama, découvrira le 6 juin prochain, ce lieu de mémoire. Ce sera l’occasion pour lui de prononcer un discours à la hauteur de ceux de ses prédécesseurs. Sur les stèles, il lira les noms de ses jeunes concitoyens, avec leurs Etats d’origine, leurs âges, la date de leurs décès. Les 6 et 7 juin reviennent souvent et donnent une idée de ce qu’ont été les combats quand il a fallu gravir la falaise, à la Pointe du Hoc.
« Connu seulement de Dieu », est écrit sur de nombreuses tombes anonymes.
Le 23 avril, la mer était calme et d’un bleu méditerranéen. Ce n’est pas toujours le cas, au début du mois de juin !
– Je dirai bonjour à Barack et à Michèle ! nous a lancé notre sympathique jardinier quand il nous a vus repasser près de lui.
– Chirac était venu prendre le café avec nous, la dernière fois, en 2004. Vous n’imaginez pas ce que c’est. Ils draguent la mer devant, au cas où un sous-marin espion s’approcherait trop près. Un porte-avions américain équipé en hôpital sera prépositionné devant. C’est un événement considérable.
Nous avons quitté le cimetière, en essuyant nos dernières larmes et en jetant un dernier coup d’œil sur le plus émouvant des cimetières du Débarquement, sur les 70 hectares qu’il occupe, sur le mémorial, sur la grande statue de bronze qui symbolise l’Ame de la jeunesse américaine, sur « le jardin des disparus », sur le plan d’eau et sur la plage, en contrebas, où tous ces jeunes gens ont perdu la vie.
Je recommande à ceux qui ne sont jamais allés à Colleville de consacrer un moment de leur existence à cette visite. Ils ne l’oublieront jamais.


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