Union pour la Méditerranée : J – 28


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Que restera t-il du projet de Nicolas Sarkozy le 13 juillet prochain, lors du Sommet qui doit réunir près de cinquante pays autour de l’Union pour la Méditerranée ?
Du point de vue de la Commission européenne, il ne peut s’agir que d’un Barcelone Plus avec des ambitions réduites à quatre projets : la dépollution de la Méditerranée, les transports, la protection civile et l’énergie solaire. Nous sommes loin des ambitions françaises et des douze projets prioritaires sélectionnés depuis le début de l’année. On ne parlera pas d’immigration, d’agriculture, de sécurité et de défense, ni de sujets qui fachent ou divisent.
La diplomatie française n’a pas ménagé ses efforts. Le Président, volontariste, a souvent été maladroit. Les pays du Maghreb, assez susceptibles, ont mal accueilli certaines déclarations unilatérales du Chef d’Etat français qui donnait l’impression de décider seul. La Commission européenne a remis de l’ordre dans ces déclarations qui ne tenaient pas suffisamment compte des Institutions, ou de ce qu’il en reste après le NON Irlandais.
On assiste donc à une bataille d’influence. A l’est de l’Europe, des pays se réunissent pour proposer une Union de l’Europe orientale. Les Américains, qui ne voient pas d’un très bon œil ce projet, ont d’autres priorités : La Caspienne, l’Ukraine, la Géorgie. Il devrait cependant y avoir 43 participants au Sommet du 13 juillet qui seron invités aux cérémonies du 14 juillet : Les 27 pays de l’Union européenne et les pays riverains de la Méditerranée. La Croatie, la Bosnie, le Monténégro, sont invités. Il y aura aussi des observateurs, notamment la Ligue arabe.
La France voulait la première coprésidence de l’Union pour la Méditerranée pour deux ans. Cette intention avait été repoussée compte tenu de l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne qui change le mode de désignation du Président de l’UE. Maintenant que l’Irlande a décidé de compliquer la ratification du Traité, la demande française va sans doute être reformulée. Par ailleurs, dans le cadre de la compétition d’influence, la Banque européenne d’investissement, qui estime avoir fait depuis 1995, ce qu’on attendait d’elle, n’a pas l’intention de se voir concurrencée par une nouvelle institution financière.
Au sud de la Méditerranée, il y a une attente politique qui va conditionner la participation au Sommet du 13 juillet au plus haut niveau. Le Maroc, qui veut le statut de pays avancé, joue un jeu personnel. Le Président Bouteflika se fait tirer l’oreille. Le Président Kadhafi a déjà déclaré, dans le langage qui est le sien, « Nous ne sommes ni des affamés, ni des chiens pour qu’ils nous jettent des os ». Il considère que les projets euro-méditerranéens sont « un appât », « une sorte d’humiliation ». Pour convaincre ses partenaires arabes, il qualifie, en privé, les pays du sud de la Méditerranée, de pays « asiatiques », qui n’ont rien à faire dans une Union pour la Méditerranée.
Quelle déception après tous les efforts consentis pour le séduire et obtenir sa participation financière à ce projet. L’invitation du Président syrien, qui a surpris tout le monde, y compris les Américains, s’explique avant tout par la volonté du Chef de l’Etat français de réussir ce premier Sommet du 13 juillet et de donner un éclat particulier aux cérémonies du lendemain, le 14 juillet.
Personne n’est dupe. Des incidents à Gaza, des initiatives en Iran, des complications au Liban, dans les prochains mois remettraient en question les relations avec la Syrie, mais peu importe, demain, c’est l’éternité. Il faut d’abord que le Sommet du 13 juillet soit aux yeux du Monde, une grande réussite pour la présidence française et pour le Président Sarkozy.
En conclusion, à 28 jours du Sommet, les discussions se poursuivent, les diplomates français rappellent que cette Union pour la Méditerranée est « à géométrie variable » et que l’abstention d’un chef d’Etat le 13 juillet ne signifiera pas que le pays concerné ne participera pas à la future Union de projets.
Nous allons peut-être vers le PPPC, le plus petit projet commun.


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