Sur les lapsus


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Le Premier Ministre, il y a quelques jours a « formé le vœu que chacun d’entre vous, avec l’encre, avec l’image, avec le son, avec les derniers moyens de la technologie, ait à cœur, à chaque étape de sa journée, de mettre quelques gouttes d’humour et quelques gouttes de tendresse. Croyez-moi, cela rend la vie plus belle. » Si l’actualité offre, en tant que telle, peu d’humour et de tendresse, heureusement les hommes s’en chargent souvent involontairement. Nous commettons tous des lapsus qui font rire, nous embarrassent et sont inexplicables.
Freud a analysé le fonctionnement du lapsus. D’après lui, ce n’est pas seulement une contamination mécanique des sons entre eux, les lapsus trouveraient leur origine dans une source en dehors du discours. Un élément perturbateur, constitué par une idée unique restée inconsciente, se manifesterait par un lapsus. Il cite, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », le lapsus fameux commis à l’Assemblée nationale française par un député qui, s’adressant à ses collègues, les invitait à « durcir leur sexe » alors qu’il voulait dire « durcir leur texte ». L’histoire ne dit pas quelle était « la source en dehors du discours » qui était venue perturber l’orateur. Le Président de la République, lors de ses vœux aux Corréziens, a commis un nombre particulièrement élevé de lapsus qui ont été analysés à la loupe par des observateurs sans pitié. Ces lapsus ont inquiété ses proches par leur nombre plus que par leur signification. En revanche, il paraît évident que François Hollande, qui, quelques instants après, engagent ses partisans à « combattre la gauche et rassembler la droite », est victime des lapsus de Jacques Chirac auxquels il pense encore. Le maire de Jarnac, Jérôme Royer, pense à quelqu’un d’autre quand, pour remercier Raffarin de sa présence, il dit : « Monsieur Mazarin. » Dans le même temps, le président américain, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, pour justifier sa décision d’autoriser les mises sur écoute sans mandat de justice au nom de la lutte contre le terrorisme, a dit : « A la fin des années 1990, notre gouvernement suivait Oussama Ben Laden parce qu’il se servait d’un certain type de téléphone. Cette information avait été publiée dans la presse. Qu’est-ce qui s’est passé ? Saddam…. » a dit le président, avant de se reprendre, « Oussama Ben Laden a changé de comportement et changé sa façon de communiquer….. » – Autre exemple: l’ancien ministre Arpaillange avait déclaré un jour: “En 1989, sur cinquante-deux évadés, on en a repris cinquante trois. » Et Dan Rather, le présentateur vedette de la télévision américaine, lors du premier atterrissage de Columbia : « The Schuttle is now going five times the sound of speed » – ( La navette va à présent à cinq fois le son de la vitesse) .
Les exemples sont nombreux. Il arrive à tout le monde d’oublier ses lunettes, d’être fatigué, de penser à autre chose. Le Premier Ministre a raison : n’oublions pas, chaque jour, de mettre quelques gouttes d’humour et un peu moins de méchanceté et de violence.


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