Retour sur la visite du bikbachi.


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Tout a été dit, ou presque, sur la visite du colonel Kadhafi. Ou presque, car les journalistes, et autres commentateurs, ont peu expliqué pourquoi le colonel se comportait de la sorte, en France et pas ailleurs. Bikbachi, en arabe, signifie colonel. Le maître à penser, le modèle, du colonel Kadhafi, c’est un autre bikbachi, le colonel Nasser. En juillet 1952, les bikbachis, qui avaient chassé Farouk du pouvoir en Egypte, étaient des révolutionnaires anticolonialistes qui voulaient que le monde musulman retrouve son rang, sans pour autant rejeter la civilisation occidentale, c’est-à-dire sans imposer la charia.
Le colonel Kadhafi a longtemps espéré qu’il pourrait être le chef de file des pays pauvres après la mort de Nasser. L’islamisme radical l’en a empêché et le menace dans son propre pays. Marginal, qui ne s’incline pas devant les Grands de ce monde, il décide donc de sortir du piège, de faire un aggiornamento et de collaborer avec le monde occidental avec, aujourd’hui, l’ambition de faire de son pays un îlot de prospérité et de modernité équivalent à ce qu’est devenu Abu Dhabi.
Son comportement et ses discours, en France, pays symbole du colonialisme, s’adressent aux Africains et autres peuples démunis, anciennement colonisés. En rappelant que ce pays, qui prône les droits de l’homme, ne reconnaît même pas aux hommes le droit d’être polygames, il provoque mais dit aux Africains ce qu’ils ont envie d’entendre. Quand il défend les droits des immigrés, « trouve normal que les faibles aient recours au terrorisme », il poursuit le même but. Quand il parle haut et fort, c’est pour décomplexer les Africains et leur montrer qu’il est possible, avec de l’argent, de parler aux Français, et à leur chef, sur ce ton.
Le bikbachi est sans doute moins dangereux pour les occidentaux, mais il n’a pas changé, il poursuit le même but que son modèle, le colonel Nasser. Il rassure, en disant que dans son pays, il n’est rien, il n’est pas le président, il n’a aucun pouvoir, il n’est que le Guide. C’est à l’aune de ses origines, de son parcours, de son idéal, qu’il fallait lire les faits et gestes de ses cinq jours passés en France qui ont paru si longs


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