Quelques jours avant le 74e anniversaire du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944…


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Quelques jours avant le 74e anniversaire du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944, nous nous sommes rendus, avec Bruno, Laure, Pauline, Guillaume, Alice et leurs amis Mathieu, Myriam, Clémence, Théophile et Eléonore, sur un certain nombre de lieux de mémoire entre la Pointe du Hoc et Pegasus Bridge. Il faisait un temps exceptionnellement beau, la mer était bleue, un petit vent frais atténuait les rayons d’un soleil déjà très chaud à cette saison.

Il manque Bruno et Mathieu (qui prend la photo)

Avant d’arriver à la Pointe du Hoc, nous avons visité le cimetière militaire allemand de La Cambe où 21 222 soldats allemands, tombés lors des combats, sont enterrés.

En 1950, l’administration des cimetières militaires allemands fut confiée au Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (service pour l’entretien des sépultures militaires allemandes), une association privée à visée humanitaire. La République fédérale d’Allemagne lui confia la tâche de veiller à l’entretien de l’ensemble des cimetières allemands à l’étranger, avec pour mot d’ordre « la réconciliation par-dessus les tombes » (« Versöhnung über den Gräbern »).

Il était encore assez tôt, il y avait peu de visiteurs, des Allemands surtout. C’est le plus grand des cimetières militaires allemand en Normandie. Il a été conçu dans un style sobre qui invite au recueillement, à la sérénité. En 2009, 1 200 érables ont été plantés pour créer un Jardin de la Paix. Conformément à ce qui avait été établi lors du Traité de Versailles en 1919, pour les cimetières de la Première Guerre mondiale, les croix et les stèles sont de couleurs sombres. C’est le statut du pays vaincu.

Tombe de soldat allemand

A quelques kilomètres du cimetière militaire allemand, se trouve la Pointe du Hoc, une falaise de 25 mètres de haut qui fut le théâtre d’une des opérations les plus difficiles du débarquement allié en Normandie. La pointe avait été fortifiée par les Allemands et équipée de pièces d’artillerie lourde dont la portée menaçait les deux plages d’Utah Beach, d’un côté, et d’Omaha Beach, de l’autre. Il avait été jugé essentiel, pour la réussite du débarquement, que les pièces d’artillerie soient mises hors service dès le début du débarquement. La mission avait été confiée au 2e bataillon de Rangers américains. Le débarquement des Rangers fut précédé d’un important bombardement par l’aviation et la marine alliée du théâtre d’opération afin de neutraliser les soldats et artilleurs allemands qui s’y trouvaient.

Dans le film « Le Jour le plus long » (The Longest Day) de Darryl F. Zanuck (1962), d’après le livre de Cornelius Ryan, le passage consacré à la prise de la Pointe du Hoc est particulièrement impressionnant. Nous avons montré le film aux enfants, avant de nous rendre sur les lieux le 11 mai. Equipés d’une échelle de pompier de 33 mètres de haut empruntée aux pompiers de Londres et de lance-fusées qui envoyaient des cordes et des échelles de cordes au sommet de la falaise, ainsi que d’échelles extensibles assemblées sur place, les Rangers accomplirent une mission extrêmement difficile. Malgré des pertes considérables (Seuls 90 hommes sur 225 étaient encore en état de combattre au matin du 7 juin), pendant l’escalade de la falaise, les Rangers réussirent à prendre le contrôle du site. Ils découvrirent alors, dans les bunkers allemands que l’on peut encore visiter, que les pièces d’artillerie avaient été déplacées ou n’étaient pas encore installées.

La Pointe du Hoc

 Les renforts programmés, faute d’informations, ayant été détournés sur Omaha Beach, le 2e bataillon de rangers se trouva isolé. Ce n’est que le 7 juin dans l’après-midi, que des éléments du 5e bataillon de rangers, du 116e d’infanterie et des chars du 743e bataillon arrivèrent enfin pour repousser les Allemands et prendre le village de Saint-Pierre-du-Mont, le plus proche de la Pointe du Hoc.

Nous nous sommes ensuite rendus au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, situé au sommet de la falaise qui domine la plage d’Omaha Beach. Face à un Mémorial en demi-cercle au centre duquel une statue de bronze représente “l’Esprit de la jeunesse américaine s’élevant des flots”, une allée centrale dessert les 10 carrés de tombes où reposent 9 387 soldats américains. Les croix sont orientées à l’Ouest, vers le pays natal. À la croisée des allées principales disposées en forme de croix latine, une Chapelle abrite un autel de marbre noir portant l’inscription : “Je leur donne la vie éternelle et ils ne périront jamais”. Dans le Jardin du souvenir, derrière le Mémorial, les noms de 1 557 disparus dans la région sont gravés sur un mur en arc de cercle.

Le cimetière de Colleville-sur-mer

A midi, il y avait beaucoup de monde. Un million de visiteurs viennent chaque année se recueillir dans ce cimetière de Colleville-sur-Mer. J’avais promis 10 euros à celui – ou celle – qui trouverait les tombes des frères Niland. (parcelle F, rang 15, croix 11 et 12) et 5 euros seulement (c’était en principe plus facile) pour la tombe du général Theodore Roosevelt Junior, le fils ainé du président des États-Unis. Ils avaient un quart d’heure et les smartphones étaient autorisés. Les enfants sont partis comme une volée de moineaux. Alice, 9 ans, n’était pas la dernière. Les grands, 14 et 16 ans cherchaient les emplacements sur internet. Guillaume est revenu très vite nous dire que l’accès au carré dans lequel se trouvent ces tombes était interdit pour ne pas détériorer la pelouse, après la forte pluie qui était tombée la veille.

En 1993, il y a vingt-cinq ans, quand nous avions fait la même visite avec Jérôme, qui marchait déjà difficilement, et Laure, il y avait beaucoup moins de visiteurs. Dans les allées du cimetière, je me souviens qu’il y avait des vétérans, avec leurs décorations, mais aussi des jeunes gens, peut-être d’arrières petits-enfants de soldats morts en Normandie, qui ne voulaient pas achever leur séjour en France sans aller se recueillir devant les tombes de leurs ainés. Nous avions quitté le cimetière, en essuyant nos dernières larmes.

Les tombes de Preston et Robert Niland

Le 18 mai  2009, il y a dix ans à peu près, jour pour jour, ma femme et moi avions décidé d’aller faire une petite visite à nos libérateurs morts sur la côte normande. Il y avait relativement peu de monde ce jour-là. J’avais demandé à un jardinier :

  • Bonjour Monsieur, qu’est-ce que vous faites ?
  • Bonjour, je passe un produit contre la mousse.
  • Vous préparez la visite du Président Obama ?
  • Oui !

Le jardinier du cimetière américain de Colleville-sur-Mer, accroupi devant une des 9 387 croix blanches, s’était relevé pour voir qui lui posait ces questions et dégourdir ses jambes qui n’étaient plus toutes jeunes. Il nous montra deux croix blanches, aux pieds desquelles des roses fraiches avaient été récemment posées.

–  Ce sont les tombes des frères Niland. Depuis le film de Spielberg : « Il faut sauver le soldat Ryan », il y a beaucoup plus de monde et ces tombes sont toujours fleuries ; ce sont les plus visitées.

Le 15 août  2012, alors que nous  nous rendions, Dany et moi, en Bretagne du Nord « dans les pas de la IIIe Armée du général Patton… », nous avions éprouvé le besoin d’aller nous recueillir devant les tombes des frères Niland, (parcelle F, rang 15, croix 11 et 12) qui avaient une histoire particulière dans ce grand cimetière où reposent des inconnus à qui nous devons notre liberté. L’émotion, j’en ai le souvenir, était encore vive. Au retour, j’avais écrit, sur ce blog : « Je recommande à ceux qui ne sont jamais allés à Colleville-sur-Mer, de consacrer un moment de leur existence à cette visite. Ils ne l’oublieront jamais. »

Je n’ai pas, vendredi dernier, éprouvé la même émotion. Il y avait sans doute trop de monde.

Sur la plage d’Arromanches

Après le déjeuner, nous nous sommes rendus à Arromanches. Avec le beau temps, il y avait beaucoup de monde sur la plage, une plage magnifique qui a la particularité d’être un musée. Les vestiges du port artificiel sont encore visibles. Quelques dizaines de caissons PHOENIX, à quelques centaines de mètres du rivage, continuent d’assurer à Arromanches un plan d’eau calme et abrité. Devant la plage, l’exposition permanente du débarquement, inaugurée le 5 juin 1954 par Monsieur René COTY, Président de la République, est le premier musée construit pour commémorer le 6 juin 1944 et la bataille de Normandie.

Le site du musée retrace l’histoire du port artificiel.

Churchill, dès le 30 mai 42, avait adressé un mémo à Lord Louis Mountbatten sur la construction de jetées flottantes : « Elles doivent monter et descendre avec la marée. Il faut résoudre le problème de leur ancrage. Faites-moi connaître la meilleure solution. « Si des ports, nécessaires à toute invasion, ne pouvaient être pris, il fallait les construire.

Les différents composants furent construits en Grande Bretagne, remorqués à travers la Manche et assemblés sur place.

Le port était constitué de routes flottantes et de plates-formes de déchargement qui montaient et descendaient avec la marée. Afin d’assurer une zone d’eau calme, une rade était prévue par l’immersion de blocs de bétons creux et de vieux bateaux.

le site du musée d’Arromanches

Arromanches a été libéré le 6 juin au soir. Dès le 7 juin, les premiers bateaux furent coulés. Le 8 juin, les premiers caissons Phoenix furent immergés. Le 14 juin, les premiers déchargements commencèrent. Opérationnel, dès le début du mois de juillet, le port artificiel d’Arromanches prouvera sa valeur lors de la grande offensive de Montgomery mi-juillet sur Caen. Pendant une semaine, plus de 18.000 tonnes de marchandises seront débarquées tous les jours.

Les enfants, et les grands, ont été très intéressés par le film d’époque qui raconte la construction du port, le musée et la maquette géante qui explique bien ce chef d’œuvre d’ingénierie.

Enfin, sur le chemin du retour à Deauville, nous nous sommes arrêtés quelques instants devant le Pont de Bénouville dit Pegasus Bridge, nom donné à ce pont basculant, construit en 1935, en l’honneur des parachutistes britanniques, dont le cheval ailé Pégase était l’emblème.

Un commando de la 6th Airborne Division (6e division aéroportée britannique), sous les ordres du major John Howard, avait reçu pour mission de prendre très vite le pont dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Le site Wikipédia précise que « Ce pont était un objectif stratégique : détruit, il aurait isolé et privé de ravitaillement la division aéroportée britannique parachutée à l’est des plages du Débarquement ; resté aux mains des Allemands, il leur aurait permis de lancer une contre-attaque de chars d’assaut vers les plages. Les militaires du major Howard furent transportés par trois planeurs Horsa dans le plus grand silence. Le premier pilote réussit à se poser à 00h16 à 47 mètres du pont et sans se faire remarquer par les soldats allemands gardant le pont. Chaque planeur transportait environ trente hommes. Ce sont les premiers soldats alliés qui ont foulé le sol français.

Le café Gondrée, situé à 20 m du Pegasus Bridge est la première maison à avoir été libérée. Une plaque sur la façade du café commémore cet événement dont l’authenticité n’est pas certaine.

Le Generalfeldmarschall Erwin Rommel à Hellmuth Lang, son aide de camp. (Mémoires)

A proximité, l’ancien pont est visible, à côté du Mémorial Pegasus.

La prise de contrôle du Pegasus Bridge est un des hauts-faits  de cette journée historique du 6 juin 1944.

Je ne sais pas ce que les enfants, notamment Alice, la plus jeune, retiendront de cette journée, mais ils ont posé beaucoup de questions et se sont montrés très intéressés par cette journée du souvenir.


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