Premiers enseignements à tirer de la guerre au Liban


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Les Etats-Unis semblent de plus embarrassés par leur hyperpuissance. La presse spécialisée fait état du désordre qui règne, et qui semble s’amplifier, entre les organes de décision et les services de renseignement. Depuis le 11 septembre, l’Administration de GW Bush manipule les analyses et oriente à sa convenance les conclusions des experts. Un rapport récent de la Chambre des Représentants, rédigé par un Républicain partisan d’une attaque contre l’Iran, accuse sans ménagement les services de renseignement. Bel exemple de cette figure de style et de rhétorique que l’on nomme palimpseste, le rapport, tout en expliquant qu’il ne faut pas faire la guerre au nom d’une fausse menace, voudrait surtout que la CIA lui fournisse une évaluation qui justifie de faire la guerre. Cet état de fait, qui provoque une crise de confiance de haute intensité, est sans précédent.
Dans le même temps, l’Iran, avec l’aide indirecte de la mauvaise stratégie américaine et israélienne, devient une puissance régionale incontournable. Une attaque aérienne des sites sensibles en Iran, si elle est véritablement envisagée et programmée, serait encore plus risquée que celle de l’Irak et conduirait à un échec catastrophique pour le Moyen-Orient, pour Israël et pour les Etats-Unis. L’intervention au Liban était en grande partie destinée à pousser l’Iran et la Syrie à entrer en guerre et provoquer un casus belli avec ces deux pays qui s’en sont bien gardés, laissant le temps à Israël et indirectement aux Etats-Unis de s’épuiser sans atteindre leur objectif. Ces deux pays en sortent donc renforcés. Les chefs d’Etat, et en premier lieu le Président Chirac aujourd’hui même devant les Ambassadeurs, en tirent les conséquences. L’art de présenter les défaites comme des victoires, ne pourra pas durer cent sept ans. Ahmadinejad et Khamenei soufflent le chaud et le froid avec un talent indéniable. Tantôt rassurants, « il est impensable qu’un Etat islamique possède l’arme nucléaire et s’en serve ; l’Iran n’est pas une menace pour les pays étrangers, ni même pour le régime sioniste », tantôt menaçants, « il faut rayer Israël de la carte », ces deux dirigeants savent parfaitement faire vibrer la corde nationaliste de leur population et celle d’une grande partie du monde arabe dont ils ne font pourtant pas partie. La réponse au Conseil de Sécurité est un modèle du genre.
Pendant qu’Américains et Européens hésitent, ne savent que faire, la Russie annonce le 25 août qu’une nouvelle doctrine militaire est en cours d’élaboration « dans le plus grand secret ». Une doctrine qui serait diamétralement opposée à celle des Etats-Unis qui bombardent à tout va, détruit les ponts, les routes, fait plus de victimes civiles que de victimes militaires. Contre des ennemis invisibles, qui se dissimulent, empruntent des sentiers de montagne, se reposent dans des grottes, il faut des réponses adaptées auxquelles les Russes semblent réfléchir plus rapidement que les Américains.
Cette leçon vaut pour tous et notamment pour les dirigeants politiques français qui préparent une élection présidentielle bien loin, encore une fois, de ce genre de préoccupation.


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