Plus vite, plus loin, plus haut,… toujours plus


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Tous les quatre ans, on s’interroge sur le sport, l’avenir de l’esprit du sport et sur le sens de cette belle devise que l’on doit à Pierre de Frédy, baron de Coubertin, le rénovateur des Jeux Olympiques qui s’était inspiré des travaux de l’Anglais Thomas Arnold, recteur de la public school de rugby pour restaurer le système éducatif dans notre pays, après la guerre de 70. Grand sportif, il croyait aux vertus du sport et, notamment au dépassement de soi. Aujourd’hui, l’évolution des Jeux Olympiques et l’évolution du sport en général inquiète. Certes, cette évolution était prévisible ; Pierre de Coubertin le craignait : « Le sport, c’est la liberté de l’excès », disait-il.
Le dopage, le profit, la violence, toutes les perversions de la recherche de la performance ne peuvent que se poursuivre et s’accélérer. La concurrence et le progrès des sciences et techniques induisent cette logique de la compétition, il ne peut en être autrement. Le sport tel que nous le connaissons, est le témoin permanent de la société dans laquelle nous vivons. Les rivalités de puissances, la compétition économique mondiale, les progrès de l’innovation et de la recherche, ont avec les Jeux Olympiques, leur rendez-vous tous les quatre ans. La globalisation tente de trouver dans ce rendez-vous, la vitrine la plus noble et la plus vertueuse de l’économie de marché. Nous allons avoir vendredi prochain une vision du monde idéalisée par les principes de la charte olympique.
Il va être rappelé que « L’Olympisme est une philosophie de vie, exaltant et combinant, en un ensemble équilibré, les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels ; Que le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’homme, en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine ; Que la pratique du sport est un droit de l’homme. Chaque individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique, qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play.  ; Que toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondée sur des considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autres est incompatible avec l’appartenance au Mouvement olympique.
On peut sourire et se moquer de la trêve qui sera décrétée pour « édifier un monde pacifique et meilleur en éduquant la jeunesse du globe par le sport, pratiqué sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique, ce qui requiert l’entente mutuelle favorisée par l’amitié, la solidarité et le fair-play. », mais ne nous y trompons pas, les occasions ne sont pas si nombreuses de faire une pause salutaire. Récemment encore, le 16 octobre 2007, L’Assemblée générale demandait « instamment aux États Membres d’observer, dans le cadre de la Charte des Nations Unies, la trêve olympique, tant individuellement que collectivement, pendant les Jeux de la XXIXe Olympiade de Beijing, dont l’idéal repose sur le slogan « Un seul monde, un seul rêve ».
Cet arrêt sur image est l’occasion pour le monde de feindre de se ressaisir et de maîtriser ce qui le dépasse. Les Institutions internationales ne ménagent pas leurs efforts mais ne nous y trompons pas, l’homme n’est plus au centre du système. Il y a longtemps que le sport n’est plus un moyen d’entretenir sa santé ou de cultiver sa force, les champions du XXIe siècle sont contraints de produire de la performance et des records. Mais peut-on sans cesse faire mieux ? Peut-on courir le 100 mètres en 8 secondes, le nager en moins de 40 secondes, lancer le poids a 30 mètres, sauter 10 mètres en longueur? Y a t-il des limites humaines, et jusqu’où la recherche va t-elle pouvoir repousser ces limites ? Le débat sur la combinaison des nageurs illustre cette autre compétition qui est la compétition des marques, de la recherche et développement et trop souvent aussi de la triche et de la récupération politique.
Auprès d’hommes comme Jean-Luc Rougé, président de la Fédération Française de Judo, ancien champion du monde, Pierre Villepreux, international de rugby, ancien entraineur de l’équipe de France et du Stade Toulousain, Joël Bouzou, ancien champion du monde de pentathlon moderne, vice-président de la Fédération internationale de cette discipline, Michel Hidalgo, ancien sélectionneur de l’équipe de France de football, Michel Jazy, médaille d’argent à Rome, Pierre Dao, ancien sélectionneur de l’équipe de basket-ball ou Jean Férignac, 245 fois sélectionné en équipe de France de hand-ball ancien DTN de sa Fédération et de femmes, comme Brigitte Deydier, DTN de judo et ancienne championne du monde, j’ai pu constater, au sein du Rassemblement par le Sport que nous avions fondé ensemble, la très haute idée qu’ils se font de leur mission d’éducateur et de l’humanisme qui doit être présent à tout instant dans leurs disciplines.
Ce qu’on condamne aujourd’hui au nom de la morale sera peut être considéré demain comme normal. C’est ainsi qu’au moment où vont commencer les Jeux de Pékin, des chercheurs américains affirment avoir identifié deux substances qui ont pour effet d’induire la plupart des réactions physiologiques que déclenche l’exercice physique. Il n’est pas exclu que l’on trouve prochainement dans les pharmacies un produit, administrable par voie orale, qui aura les mêmes effets qu’un exercice physique intensif sans avoir à en supporter les efforts et les souffrances.
Nous avons cependant un devoir d’optimisme, nous devons croire en l’homme. Le sport est un fait social qu’il est inutile de nier. Il n’est plus seulement un moyen de stabilité sociale, il est aussi chargé de compenser les activités stressantes de la vie sociale et de discipliner les comportements. Il est formateur, il est partie intégrante de la réalité du monde telle que l’enfant va la découvrir au sortie de l’école.
Le sport peut être la meilleure et la pire de choses, comme Internet. Tout dépend de l’usage qui en est fait, de la forme sous laquelle il est pratiqué. C’est avant tout un jeu qui doit préparer aux dures tâches de la vie. C’est aussi un jeu et une fête pour les spectateurs et le gardien de certaines traditions, règles et rites qui doivent être respectés et protégés.
Que la fête commence !


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