« Partez, Monsieur le Président ! »


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Sous ce titre, Christian Blanc, comme à son habitude, n’y est pas allé par quatre chemins dans le « Point de vue » qu’il a donné au journal Le Monde. Pendant que le Président annonce des mesures, comme si de rien était, des voix s’élèvent, de plus en plus nombreuses, de plus en plus dures, de plus en plus pressantes. Giscard, qui sera le dernier à tirer sur l’ambulance, se demande, faussement étonné, qui peut bien constituer ce 1% de Français qui, dans un récent sondage, seraient encore satisfaits du Président de la république. Nicolas Baverez, dont les propos rappellent aux plus anciens ceux de Michel Debré dans son « Courrier de la colère » de la fin des années 50, se fait un nom dans ce nouveau sport. « Les braves gens » qui ont de la mémoire, se rendent bien compte que l’année 2006 pourrait bien ressembler à l’année 1958, la dernière de la IVème République. Les situations ne sont pas comparables, mais les mêmes causes pourraient – mutatis mutandis – produire les mêmes effets.
Les Français réclament un régime fort, c’est-à-dire, dans leur esprit, qui ait de l’autorité. Les mêmes, si d’aventure leur vœu était comblé, se mettraient rapidement à gémir sur certaines libertés perdues. En 1958, alors que les caisses de l’Etat étaient vides, le Général de Gaulle promettait une remise en ordre des finances publiques sans laquelle la parole de la France ne pouvait être entendue. Le niveau d’épargne des Français, anormalement élevé, confirme à la fois la tendance de nos concitoyens à constituer un « bas de laine » et le niveau d’inquiétude. Christian Blanc vise juste quand il dit : « Les Français vont découvrir que nous n’avons plus d’argent : sans être informé, chaque ménage a été endetté par l’Etat à hauteur de 41 000 euros, soit, en moyenne, davantage que son endettement privé. » Le ton sur lequel le numéro 2 du Gouvernement formule des propositions de révision constitutionnelle satisfait une partie de la population et en inquiète beaucoup. Les réserves exprimées par les constitutionnalistes, en cas de cohabitation, sont repoussées d’un revers de main. « Il n’y aura plus de cohabitation. » C’est présomptueux, mais c’est habile, car les Français sont maintenant convaincus que les périodes de cohabitation, qu’ils ont tant apprécié, ont causé les mêmes maux que l’instabilité gouvernementale sous la IVème République et fait perdre du temps au Pays. Jacques Chaban-Delmas faisait de même en 1958. Il disait au peuple Français ce que celui-ci voulait entendre pour affaiblir le Gouvernement auquel il appartenait et créer les conditions du changement. Il n’existe plus un domaine, comme en 1958, qui ne soit ouvertement critiqué. La diplomatie, le domaine réservé du Président, qui s’était distinguée en 2003 devant le Conseil de Sécurité est jugée « frileuse », repliée, après le NON au Référendum, l’échec de Paris ville olympique en 2012 et sans orientations bien définies. L’errance du PA « Clemenceau », au fond de la Méditerranée, devient chaque jour un peu plus, le symbole de cette fin d’époque. Il est clair que pour certains, seul un pouvoir fort –c’est-à-dire de droite- éviterait à la France un « infarctus démocratique dont la Gauche ressent les premiers symptômes qui la paralysent. Pour les « hommes de bonne volonté » qui ont à gérer cette situation, les critiques sont injustes, démagogiques, non fondées, exagérées, mais rien ne semble pouvoir freiner son évolution.


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