« Macron ? Comment vous dire… Ras-le-bol… »


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Excédée, exaspérée, par les déclarations du ministre de l’économie sur le travail du dimanche, la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, s’était laissée aller à critiquer en ces termes Emmanuel Macron. C’était le 23 septembre 2015 ; il y a un siècle ! Le 16 novembre, le jour où Emmanuel Macron avait officiellement déclaré sa candidature pour 2017, la maire de Lille en avait rajouté une couche : « décidément, ras-le-bol ! »

Dix-huit mois plus tard, au terme d’une interminable période électorale, les Français, enfin, ceux qui votent, ont exprimé leur volonté. Ils voulaient un profond renouvellement du paysage politique. Il est acté. La France  a un nouveau président qui va être soutenu par une très confortable majorité à l’Assemblée nationale. Ceux, nombreux, qui ont tenté de s’opposer à ce grand remplacement, sont KO. Comme Martine Aubry, au début de la campagne, ils critiquent, se contredisent à longueur de journée. Après avoir prédit que Macron, mal élu, n’aurait pas de majorité à l’Assemblée, les mêmes expliquent aujourd’hui que la majorité sortie des urnes est trop importante et fait courir un risque à la démocratie. Le personnel politique d’avant se couvre de ridicule parce qu’il persiste à ne pas vouloir comprendre ce qui vient de se passer.

Comme tous les candidats sérieux, Emmanuel Macron avait écrit sa vision de l’avenir. Dans un livre publié en novembre 2016, il racontait, pour la première fois, son histoire personnelle, sa vision de la France « libre et fière » qui croit « en sa chance, risque et espère », ses ambitions, sa conception d’un libéralisme qui devait être un humanisme. Le titre « Révolution » avait fait sourire. Il était pourtant prémonitoire, car ce qui s’est passé est bel et bien une révolution. Il ne cachait pas que certaines mesures étaient de nature à fâcher les syndicats : « Le combat sera rude, car cela fâchera ceux qui vivent du système ».

La place de l’Europe dans l’international n’avait pas suffisamment attiré l’attention.  Dans ce livre, il a clairement pour projet de « Refonder l’Europe » qui doit être dotée d’un budget européen, pour financer les investissements communs, et doit avoir un ministre des Finances de la zone euro. Il s’engageait à proposer la mise en place d’une feuille de route sur les priorités auxquelles les peuples aspirent. Sur les relations internationales, son ambition était, dans ce livre, de « Maîtriser notre destin » dans la conception gaullienne la plus orthodoxe.

Conduire une révolution n’est pas chose simple. Faire apparaitre « de nouveaux usages et de nouveaux visages » n’est pas sans risque. Le monde ancien se plaint, gémit, gronde encore. La droite atomisée menace, joue les Cassandre, fait la morale, mais n’a plus rien à dire.

Emmanuel Macron a relevé tous les défis qu’il s’était lancés. Créer un mouvement original à partir de zéro. Provoquer les ricanements quand il se disait de gauche…et de droite.  Non seulement la « bulle Macron » n’a pas éclaté, mais elle a fait de l’ombre au Front national, rayé le PS du paysage politique et provoqué l’éclatement de la droite qui a réussi l’impossible, c’est-à-dire perdre des élections imperdables.

Restait à constituer le premier gouvernement opérationnel du quinquennat. Le chef de l’Etat n’avait pas le choix, il a tranché dans le vif.  Il a organisé, comme un vieux politique, le départ du gouvernement des ministres susceptibles d’avoir des ennuis judiciaires. A-t-il accepté, ou provoqué, le départ des ministres concernés ? Peu importe. Comment  » restaurer la confiance dans l’action publique  » en conservant ces membres du gouvernement ? Ce qui paraissait évident pendant la campagne des législatives est devenu urgent et indispensable après, malgré le coût politique qui n’est pas nul.   Les fractures de la société française sont telles que l’exécutif a un impératif devoir d’exemplarité s’il veut avoir une chance de faire passer ses réformes.

De la chance, Emmanuel Macron en a, mais elle peut tourner, il faut donc aller vite. En matière économique, il est incontestable que la situation s’améliore. Il y a une embellie attendue depuis longtemps. La hausse du produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre 1,6  % cette année. « La croissance solide ne devrait pas faiblir d’ici à la fin de l’année » prévoit l’Insee. L’investissement des ménages, c’est-à-dire essentiellement les dépenses de logement, progresse pour la première fois depuis 2006.

Sur le plan international, le nouveau président offre une image de modernité et de détermination qui fait l’unanimité. Ceux qui critiquent à longueur de journée devraient lire la presse étrangère et voyager. Il faut remonter loin en arrière pour trouver des commentaires aussi optimistes sur l’avenir de la France. Il aura suffi de bien peu de choses, au fond, « renverser la table » et changer de logiciel !  Il est exact que la France est aujourd’hui partagée entre ceux qui réussissent, qui vivent bien, et les autres, ceux qui souffrent. Ceux qui réussissent peuvent tirer les autres. Le contraire n’est pas possible. Il faut donc trouver un consensus sur un nouveau contrat social. C’est plus facile à mettre en œuvre dans un pays dont l’économie s’est redressée que dans un pays incapable de réduire son déficit et sa dette.

Le devoir d’optimisme s’impose à tous les Français pour avoir une chance de remettre le pays dans le sens du progrès qui est avant tout économique. C’est en ce sens que, comme à la fin de l’année 1958, il faut un très large rassemblement des Français pour accompagner le redressement. Une partie de la droite et du centre le comprend. Une partie de la gauche aussi. Les autres, ne seront que des commentateurs grincheux qui ne se remettront jamais du « coup de balai » et rumineront longtemps avec l’espoir de pouvoir dire un jour : « Je l’avais bien dit, ça ne pouvait pas marcher ! »

« Macron ? Comment vous dire… Ras-le-bol… »

 


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