Les jeunes et la violence


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Il y a huit ans, dans le n°79 de mars 1998 de la revue DEFENSE, mon éditorial introduisait le dossier spécial consacré aux jeunes. Je l’ai recherché, retrouvé; je n’ai pas un mot à changer.

Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. » Ce texte de Platon a été écrit il y a 2 400 ans. Depuis, le progrès scientifique et technique a été considérable. L’homme est resté faillible et le restera probablement toujours. Il faut donc lutter, lutter sans cesse, pour combattre la faiblesse du citoyen devant ses devoirs. Pourtant, tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes, nous le devons à ceux qui nous ont précédés. Ils se sont frayé un chemin au milieu des difficultés pour que nous soyons plus heureux. Savons-nous former nos enfants à imaginer l’avenir, a affronter les réalités et échapper aux illusions ? Savons-nous éviter de les livrer sans défense aux agressions du monde? Dans les entreprises, dans le sport, dans les armées, partout, il faut aujourd’hui être professionnel et compétent. La formation durera toute la vie. La culture est certes nécessaire pour comprendre, mais elle ne confère pas la compétence. L’équipe France ne pourra affronter les défis qui sont devant nous que si nous formons suffisamment d’hommes et de femmes de caractère et si la formation développe la volonté, le courage, le dépassement de soi, l’esprit d’équipe et une éthique adaptée à notre temps. Si ceux et celles qui ont ces qualités devaient être trop peu nombreux, la France perdrait son bien-être, sa puissance et petit-a-petit son indépendance. Pour éviter cette dérive dans toutes les composantes de la société française minée par le chômage, il faut montrer l’exemple, expliquer ce que signifie la citoyenneté, expliquer pourquoi il faut accepter des disciplines, pourquoi il faut être solidaire et consacrer du temps au groupe auquel on appartient, pourquoi il faut accepter des responsabilités et participer a des actions communes. Les entreprises qui réussissent sont attentives au renouvellement harmonieux des générations. Elles savent que l’avenir ne repose plus sur la stratégie personnelle du président mais sur l’esprit d’équipe et la capacité de la direction de l’entreprise à motiver, à faire partager les mêmes objectifs dans un nouvel environnement hiérarchique. On ne commande plus, on influence. La hiérarchie est de moins en moins verticale. Le leadership l’emporte souvent sur la hiérarchie et change en fonction des problèmes à résoudre. L’échec est souvent individuel, le succès est toujours collectif. L’instabilité, la compétition seront désormais permanentes. Pour survivre, dans tous les domaines, il faudra innover, innover sans cesse, s’adapter très vite aux brusques évolutions, L’adaptabilité des jeunes et leur persévérance quand ils sont motivés, on le voit avec Internet et la maîtrise des outils de la communication, sont des atouts considérables. Les jeunes sont de plus en plus souvent reliés les uns aux autres par des réseaux, des affinités, des groupes informels. Ils appartiennent ainsi à des groupes qui ne sont pas imposés comme la famille, l’école. Ils choisissent leur milieu et y trouvent un sens. Il ne peut y avoir de progrès et de projet de société sans la participation des jeunes et la solidarité entre les générations.


Michel Desmoulin, président de l’Union des associations d’auditeurs de l’Institut des hautes études de défense nationale


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