Le Lot, terre des merveilles.


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Le pont ValentréQuand la période commence à me « taper sur les nerfs », c’est dans le Quercy de ma jeunesse, dans les Causses, au milieu des caselles, ou gariotes, au pied des énormes rochers qui dominent les gorges et vallées du Lot ou du Célé, dans les vignes, qui ont remplacé les champs de tabac, ou devant les hautes herbes qui envahissent les prés, que mes yeux se posent et que je parviens à « restaurer mon logiciel ».

Chaque année, avec la même émotion, je retrouve la maison de mes parents, l’immeuble dans lequel vivaient mes beaux-parents, sur le boulevard Gambetta, l’artère principale de Cahors, nos nombreux amis…de soixante ans !, le foie gras, l’omelette aux truffes et le confit incontournables, mais redoutables pour le tour de taille.

Au pays de Clément Marot, Fénelon, Murat, Bessières, Champollion, Gambetta, et plus récemment de Gaston Monnerville, Maurice Faure et de mon ami Martin Malvy, l’esprit souffle toujours. Les villages, que l’on traverse, au hasard des causses, des combes et des bois, offrent toujours la même majesté, le même silence, la même beauté.

Du plus loin que je me souvienne, les hautes herbes, les « herbes folles », exercent sur moi une sorte de fascination. Elles symbolisent la liberté, la légèreté, un certain mystère et même, parfois, une menace. Les champs de mines, avec leurs panneaux « Achtung, minen », plantés au milieu des herbes folles, avaient, évidemment, marqué mon imagination. Plus tard, à Angoulême, un champ, en face de chez moi, était couvert de hautes herbes quand il était en jachère. C’était à la fin des années 40. C’était le temps où, au lycée, les élèves devaient, en sciences naturelles, fabriquer une flore avec des noms savants. Par la suite, la vue des bocages normands, derrière les plages de Normandie, où les survivants avaient marché sur les morts, avait provoqué les mêmes émotions. Ces champs étaient, le plus souvent, couverts de plantes graminacées, frêles, mais qui symbolisaient la vie sur cette terre nourricière. Enfin, je ne pouvais qu’être fasciné, en 1978, quand j’ai découvert, à Manaus, la forêt amazonienne dans laquelle tout est plus grand, plus haut, plus menaçant qu’ailleurs.

En me voyant m’extasier devant des hautes herbes, l’amie chez qui nous venions de passer « une journée à la campagne », dans le Quercy blanc, est allée me chercher un petit livre (1) dont je recommande la lecture à ceux qui partagent cette passion.

Les hautes herbes dans les prés, les fleurs entrelacées, les « herbes folles hérissées de hampes flexibles surmontées de fines pointes tremblantes », les couleurs changeantes sous un vent léger, sont décrites avec beaucoup de talent et de sensibilité.La maison Gambetta

Dans cette région de France, où le temps s’écoule plus lentement qu’ailleurs, les contrastes ne sont jamais violents. C’est un pays de mesure et d’harmonie à l’image de ceux qui y habitent. Et c’est précisément avec ceux – et celles- qui y habitent, que nous avons passé des heures merveilleuses à évoquer des souvenirs, à nous remémorer des histoires plus drôles les unes que les autres.

Loin des bruits de la ville, loin des mauvaises nouvelles, loin du Front national, de l’Ukraine, de l’Irak, de tout ce qui nous tape sur les nerfs, nous avons retrouvé l’essentiel, le goût de vivre.

(1) – Les Hautes Herbes – Hubert Voignier – Editeur Cheyne – 43400 Le Chambon-sur-Lignon – 15€ – 2011 – ISBN 978-2-84116-173-7

 


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