Le logement en France

Partie I : Le temps des illusions

Chapitre 1 : Reconstruire et urbaniser

L’histoire, et la mémoire collective des Français, sont jusqu’à maintenant injustes avec la IVème République qui traîne derrière elle une réputation en partie justifiée mais exagéré par ceux qui avaient intérêt à en abréger le cours. Son bilan est beaucoup plus contrasté que la légende ne le colporte. L’envahisseur ayant quitté le territoire en laissant derrière lui une France en ruines, il fallait reconstruire, ce qui n’était pas une mince affaire. Avec des finances publiques en état de faillite permanente et une population très éprouvée, il aurait fallu un Etat fort et une  meilleure hiérarchisation des priorités Ce ne fut pas le cas. Les jours, les mois, les années qui suivirent la Libération, ne furent, sur le plan politique, que querelles, règlements de comptes, arrière-pensées et combinaisons incompréhensibles pour l’homme de la rue. Pour la population, les difficultés étaient quotidiennes et insupportables. Les Français avaient le sentiment de vivre moins bien qu’avant la guerre. Ils étaient inquiets, désespérés même et n’avaient plus aucune considération pour les dirigeants et les notables. Impuissants, les Français passaient des heures à écouter la TSF pour tenter de comprendre et trouver des raisons d’espérer. Le rationnement de la plupart des produits de consommation courante persistant, le marché noir prospérait. Ce n’est que le premier février 1949 que les tickets de pain furent supprimés. « Les prix prenaient l’ascenseur et les salaires montaient par l’escalier », disait-on à l’époque. Un Français sur sept cherchait un toit. Cette situation de pénurie et de restrictions est à peine   imaginable pour ceux qui ne l’ont pas vécue.

Le souci de l’intérêt général, qui aurait dû présider à toute décision, était trop souvent absent. Rédiger et approuver une Constitution auraient dû être une ardente et urgente obligation. Ce ne fut pas le cas. Les alliances, les combinaisons, les idéologies, aboutirent à un mauvais compromis qui permit aux partis politiques de faire, et défaire, les gouvernements en permanence ; ce qu’ils firent jusqu’à la caricature. Certes, l’environnement international, le début de la guerre froide, à partir de 1947, le poids du parti communiste, la crainte d’un nouveau conflit mondial, compliquèrent la politique intérieure. L’aide – et la pression- américaine, l’éviction des ministres communistes par le président Ramadier et les longues grèves qui paralysèrent le pays, compliquèrent la conduite des affaires de la France. Pendant ce temps, le peuple était malheureux.

Pourtant, malgré leur instabilité, les gouvernements, avec l’aide d’une haute administration de grande qualité, ont reconstruit et modernisé le pays. Ils ont à leur actif des réformes et des institutions telles que les nationalisations, la planification, la sécurité sociale, le développement des prestations familiales, qui ont changé la vie des Français. Les « Trente Glorieuses » n’auraient pas été possibles sans l’effort d’investissement poursuivi avec opiniâtreté pendant la période de la reconstruction. La croissance n’aurait pas été ce qu’elle a été sans le renouveau démographique, la transformation de l’agriculture, l’élévation du niveau de vie et l’essor des classes moyennes.

Enfin, on doit à la IVème République, la naissance de la coopération européenne avec la CECA, la Communauté Européenne Charbon Acier et le Traité de Rome qu’une majorité parlementaire, surmontant ses divisions, parvint à faire aboutir. Sans les guerres coloniales coûteuses, et sans issue, le redressement économique de la France aurait probablement été analogue à celui de l’Allemagne, nonobstant l’instabilité politique.

Pourquoi cette incapacité à s’unir au nom de l’intérêt général ? Pourquoi les principaux acteurs de ce que le général de Gaulle a appelé « un théâtre d’ombres », étaient-ils sans exception des hommes politiques de la IIIème République ? Pour répondre à ces questions, il faut avoir en mémoire la lutte pour le pouvoir, dès le lendemain de la Libération. Sans cette connaissance des enjeux, on ne peut comprendre les raisons pour lesquelles le logement des Français a été relativement sacrifié.

La confrontation des programmes de gouvernement, des projets de société, des projets de civilisation même, se révéla très vite douloureuse. Le Conseil National de la Résistance, pourtant composé de résistants de droite, comme de gauche, avait, non sans mal, réussi, au mois de mars 1944, à adopter un programme d’inspiration social qu’il entendait voir appliquer. Ces résistants n’avaient pas de mots assez durs pour fustiger les maux de la fin de la IIIème République. Issus du parti communiste ou de la démocratie chrétienne, socialistes et syndicalistes, employaient les mêmes mots pour réclamer plus de justice sociale, pour exprimer leur volonté de construire, dans l’union et la solidarité, « une France qui soit la conscience du monde. »

La Résistance française était née de ce besoin de fidélité à une certaine forme de civilisation qui place l’homme au centre de toutes les initiatives, qui se dégage des castes de toutes sortes. L’école de la République avait formé ces hommes – et ces femmes – courageux. Elle leur avait donné une éducation civique qui reposait sur l’éveil des consciences et non sur l’abêtissement de l’individu. Ce fut loin d’être facile, mais il est certain que le Conseil National de la Résistance réalisa une certaine unité des courants politiques et syndicaux de notre pays. Ces résistants avaient inscrit dans leur Charte l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale impliquant l’éviction de la vie du pays des grandes féodalités économiques et financières. C’est-à-dire l’éviction d’un capitalisme irresponsable qui avait régné trop longtemps sur l’économie française. Ils ne voulaient plus qu’une classe privilégiée détourne le travail de la nation aux profits d’intérêts particuliers. Ils voulaient certes des nationalisations, qui furent décidées, mais ils craignaient aussi que de nouveaux capitalistes et/ou hauts fonctionnaires construisent un nouveau capitalisme d’Etat incontrôlable. L’intérêt général, la juste répartition des fruits de la croissance, la liberté, la fraternité, l’égalité, si longtemps bafoués, au nom de la race, le respect de la dignité humaine, ces mots revenaient dans toutes les déclarations. Bref, les idées étaient généreuses, certains diront utopiques. Les énergies étaient mobilisées pour reconstruire une France nouvelle.

Nommé Chef du gouvernement provisoire de la République Française, le général de Gaulle s’installa, le 27 août 1944, au ministère de la Guerre, 14 rue Saint Dominique, et non à l’Hôtel Matignon. Comme l’avait fait Georges Clemenceau, en son temps, il affirmait ainsi que la France était encore en guerre et entendait y prendre toute sa place. L’ « Hôtel de Brienne », tient son nom du ministre de Louis XVI, Loménie de Brienne, qui avait fait l’acquisition de l’ancien Hôtel du maréchal de Richelieu à la veille de la Révolution. Pour y affirmer la continuité de l’Etat, le Général s’était entouré de Jules Jeanneney, l’ancien président du Sénat qu’il nomma ministre d’Etat, et de Georges Bidault, le président du Conseil National de la Résistance, nommé ministre des Affaires étrangères. Dans une ambiance très troublée – la veille, on tirait encore dans Paris sans bien savoir qui tirait les coups de feu -, Charles de Gaulle prépara le discours-programme qu’il prononça le 12 septembre au palais de Chaillot. Restaurer l’autorité de l’Etat et le rang de la France dans le monde constituait sa priorité. Retrouver un niveau de production normal, faire en sorte que la répartition des richesses soit juste et que les Français aient le plus vite possible une vie décente, étaient évidemment important, mais à un degré moindre. « L’intendance suivra », prononcé, ou non, ce mot attribué au Général symbolisé assez bien la hiérarchie de ses préoccupations.

A l’Hôtel de Brienne, son entourage était constitué d’une part, d’un premier cercle d’hommes de confiance d’un dévouement absolu et d’autre part de techniciens de la gestion de l’Etat qui étaient là pour leurs compétences.  Les chefs de la Résistance, les hommes politiques et les intellectuels qui lui rendaient visite observaient le regard que portait le chef du gouvernement provisoire sur la France et les Français. Les propos qu’il tenait sur la Résistance, les Alliés, les Français, les chefs d’entreprises, étaient sévères. Il se méfiait de la Résistance qui ne désarmait pas. A ses yeux, elle avait perdu, avec Jean Moulin et Pierre Brossolette, ses seuls hommes de valeur. Ce n’était pas très aimable pour ceux qui l’entouraient : Jeanneney, Mayer, Parodi, Pleven, Mendès France. Il se méfiait des communistes, des intellectuels qui, comme Camus, ne se sentaient pas obligés de l’admirer et d’approuver tout ce qu’il faisait. Il se méfiait aussi de tous ceux – nombreux – qui auraient voulu que la vie reprenne son cours, comme avant la guerre. On le soupçonna très vite de craindre le CNR, pressé de mettre en œuvre son programme, et de vouloir couper la Résistance de la nation.

Sur le thème de l’ardeur et de l’ordre républicain, le Général se sentait obligé d’employer des moyens qu’il qualifiait de « révolutionnaires », pour surmonter les obstacles qui se dressaient devant lui. La reprise en main dérangea les conformismes, les conservatismes, les intérêts privés, les « profiteurs », sans parler de la pression américaine qui avait prévu d’administrer la France.

Charles de Gaulle reconnaissait au CNR le droit de constituer le noyau de l’Assemblée consultative en attentant l’Assemblée constituante, mais rien de plus. Il se méfiait des chefs de la Résistance intérieure. Dissoudre les FFI, les Forces Françaises de l’Intérieur, n’était pas une mince affaire. L’ouvrier, devenu colonel, n’était pas pressé de revenir à l’usine ! C’est donc un bras de fer, un rapport de forces, d’une grande violence, qui s’engagea entre les communistes et le chef du gouvernement provisoire.

Eugène Petit, un des chefs de la Résistance, sous le nom de Claudius, ancien ouvrier ébéniste devenu professeur de dessin, avait préparé, au sein du MLN qu’il présidait, un projet pour la reconstruction de la France et une politique nouvelle pour l’architecture et l’urbanisme. Dans son esprit, ces études et réflexions  étaient destinées à préfigurer ce que pourrait être un ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Le général de Gaulle le jugea trop jeune, sans diplôme, trop peu expérimenté, malgré l’estime qu’il lui portait. Il ne prit pas en compte son projet et, le 16 novembre 1944, nomma Raoul Dautry à tête du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU). Raoul Dautry était un grand commis de l’Etat, polytechnicien, apolitique, ancien directeur général des Chemins de Fer de l’Etat, avant la guerre, et ancien ministre de l’Armement en 1939. En période d’épuration, ceux qui soutenaient Eugène Claudius Petit regrettèrent que le pragmatisme l’ait emporté et que les fonctionnaires de l’administration de Vichy et la plupart des dispositions législatives du temps de Vichy soient conservés

Pour rassurer les Américains, très inquiets, le Général de Gaulle, quand il constitua son Cabinet le 8 septembre 1944, favorisa la démocratie chrétienne. Le cabinet était certes ouvert à toutes les tendances politiques, pour représenter l’unité du pays, mais le parti communiste, qui avait pris une part importante dans la Résistance avait le sentiment d’être sous représenté. Le gouvernement se réunit pour la première fois le 9 septembre à l’Hôtel Matignon où Louis Joxe était installé avec le secrétariat général.

Pierre Mendès France était furieux, ce ministère aurait dû porter un autre nom. Cette appellation l’indigne, il aurait voulu que le mot « logement » y figurât. A ses yeux, c’était une erreur et il se rendit compte très vite qu’il ne s’agissait pas d’un oubli anecdotique. Le Général ne pensait qu’à l’effort de relèvement des ruines, alors que Mendès, comme Dautry, n’imaginait pas de dissocier cette mission de l’effort de modernisation du pays.

Le logement des Français ne figurait pas dans les priorités qui concernaient avant tout le retour à l’ordre, le ravitaillement et les transports. Sur le plan économique et financier, le général n’était pas particulièrement compétent. Entre le long et ennuyeux discours alarmiste de Pierre Mendès France et le discours un peu simpliste, mais rassurant de Maurice Pleven, Charles de Gaulle donna raison à ce dernier. L’état de misère d’une grande partie de la population l’émouvait. A l’exaltation du chaud mois d’août, succéda un hiver très froid qui accentua encore le désespoir de la population. Que faire ? Remettre en cause le capitalisme existant ? Poursuivre une politique économique rigoureuse, lutter contre l’inflation, favoriser la production au risque de désespérer la population encore un peu plus ? Opter pour le court terme et non le long terme et permettre ainsi à la population de souffler un peu ? Les communistes s’élevaient contre les mesures de rigueur et, au fond, personne ne voulait prendre le risque d’être impopulaire.

Le parti de la rigueur, la tendance Mendès France, avait perdu avant même d’exercer le pouvoir : ce qu’il demandait au chef du gouvernement provisoire aurait contraint celui-ci à s’impliquer dans la politique économique. Le général ne pouvait – et ne voulait – pas faire.

Le processus de hausse des salaires et d’accentuation de l’inflation, cette drogue, commencèrent donc à produire leurs effets en anesthésiant la population qui, elle aussi n’en pouvait plus et préférait la facilité. A la fin de l’année 1944, ce choix politique, qui va déterminer en grande partie la gestion politique de la France pendant quatorze ans, a placé la France dans une situation d’assistance et d’irresponsabilité, sur le plan financier, que les américains ne répugnaient pas à piloter.

Le Général avait d’autres sujets de préoccupation. Moderniser le pays, était nécessaire, urgent, mais Charles de Gaulle pensait surtout à la place de la France à la table des vainqueurs. Yalta, Staline, étaient autrement plus importants que les leçons d’économie politique de Pierre Mendès France. L’essentiel, pour lui, c’était le rôle de la France dans le monde.

Une grande partie de l’année 1945 fut consacrée à d’interminables discussions – et querelles – sur ce que devaient être les institutions. Le chef du gouvernement provisoire menaçait en permanence de quitter ses fonctions. Il ne supportait plus ni les Alliés, ni la Résistance. Georges Bidault l’agaçait au plus haut point. Il supportait de moins en moins ceux qui avaient pourtant contribué à être ce qu’il était. Même le MRP, n’était pas suffisamment à sa dévotion. Dans une France, qui était pourtant plus socialiste que communiste, malgré le poids de ces derniers – près de 30% – les forces conservatrices freinaient en permanence les initiatives gaullistes. Charles de Gaulle ne comprenait pas, lui qui était inaccessible à toute idéologie et à toute doctrine. A la SFIO, il y avait d’excellents serviteurs de l’Etat, mais Léon Blum, âgé, fatigué, usé, ayant refusé d’entrer au gouvernement, après son retour d’Allemagne, le Général en avait tiré la conclusion qu’il ne pouvait pas compter sur eux. L’affrontement était donc inévitable. Après la réunion de l’Assemblée constituante le 6 novembre suivie de ce que le Général a appelé « de désobligeantes palabres », aucun successeur n’étant capable de s’imposer, Charles de Gaulle fut à nouveau sollicité et fut élu à l’unanimité le 13 novembre 1945. Mais les exigences du parti communiste, qui avait retrouvé son chef, Maurice Thorez, de retour d’URSS, étaient telles que de Gaulle menaça à nouveau de démissionner si on cherchait à lui imposer « un mandat impératif », à ses yeux inadmissible. La négociation pour l’attribution des postes dans le nouveau gouvernement fut pénible, désagréable. Les communistes voulaient la Défense nationale, ce qui était impensable. Au début du mois de janvier, la coupe était pleine.

Le dimanche 20 janvier 1946, à 12 heures, dans la salle des Armures du Ministère de la Guerre, rue Saint-Dominique, le général de Gaulle, les traits tirés, entra et déclara : « Messieurs, je vous ai demandé de venir pour vous dire que j’ai décidé de me retirer. Je considère que ma mission est terminée. La France est libérée, elle a participé à la victoire finale, il y a eu des élections régulières, la démocratie est donc rétablie. »

Raoul Dautry n’en croyait pas ses oreilles. Il n’écoutait plus qu’à moitié les propos du chef de gouvernement. « Nous avons fait des réformes qui étaient attendues par le peuple, mais, néanmoins, je constate que la trêve des partis n’a pas eu lieu, nous rencontrons de l’hostilité au sein même du gouvernement. Les trois partis continuent à s’attaquer et sont préoccupés par les prochaines élections. Je considère que c’est un malheur pour la France et moi, je ne veux pas participer à ces luttes de partis… »

Pour les dirigeants des trois principaux partis politiques, qui vont devoir s’entendre, le ravitaillement, les nationalisations et la réforme de l’Etat devaient être les objectifs prioritaires du nouveau gouvernement. C’est le régime des partis, le « tripartisme », qui succède au Général le 29 janvier.

Pierre Mendès France exige les pleins pouvoirs dans le domaine économique et financier. Le nouveau chef du gouvernement, Felix Gouin, s’y oppose, comme Léon Blum et les communistes, en raison, notamment, de l’extrême misère sociale et du risque réel de nouvelle guerre mondiale qui les préoccupent. Alors qu’il aurait fallu prendre des mesures, certes impopulaires, c’est au contraire la surenchère, une surenchère démagogique qui s’installe. Elle aura de graves conséquences. Avant qu’une nouvelle Constitution puisse être adoptée, il n’aura pas fallu moins de trois gouvernements provisoires : celui dirigé par le général de Gaulle ne durera que trois mois, son successeur, Félix Gouin, ne tiendra que quatre mois et quelques jours et celui de Georges Bidault, cinq mois. Trois ministres de la Reconstruction et de l’Urbanisme, dans les gouvernements provisoires, tenteront de définir et de conduire une politique : Raoul Dautry, qui avait tant d’ambition et de passion pour l’urbanisme, le communiste François Billoux, prisonnier des positions de son parti et Jean Letourneau. C’est beaucoup en si peu de temps.

Pendant ce temps, la spirale inflationniste que Mendès France voulait éviter se mit en route. Les hausses de salaires, de près de 20%, furent immédiatement répercutées sur les prix qui, sur certains produits et services, atteignaient 80 à 100%. Dans ces conditions, il n’était pas étonnant que le marché noir, qui faisait vivre près de 10% de la population, prospère et soit encore plus important que pendant l’Occupation. Il faudra une aide américaine, le « Plan Marshall », négocié dans l’humiliation, pour éviter la faillite de la France. Près de mille navires américains déchargeront sept millions de tonnes de marchandises entre le 1er mars 1945 et la fin du mois d’avril 1946. Comment, dans ces conditions, réaliser le programme ambitieux, généreux, de la Résistance ? Malgré l’instabilité, les querelles, les arrières pensées, notamment chez les communistes et les gaullistes, de nombreuses réformes courageuses furent adoptées qui transformeront la France en profondeur.

Cinq mois s’étaient écoulés depuis que le général de Gaulle avait quitté l’Hôtel de Brienne. Il observait les querelles, les divisions ; il enrageait, tout se passait comme il l’avait prédit. A Bayeux, au milieu de ses fidèles, il réclama un pouvoir exécutif fort et surtout indépendant du pouvoir législatif. Appelés à se prononcer sur un projet de constitution, le 5 mai, les Français ont répondu « non ». Le MRP a été le seul parti à faire campagne contre le projet. Il devient le principal parti politique. Georges Bidault, son chef de file,  rêve de succéder à Félix Gouin et de devenir chef du gouvernement. Pour y parvenir il n’hésite pas à soutenir les communistes dans leurs revendications, mais le projet d’un mouvement gaulliste en préparation complique sa tactique. Néanmoins, le 19 mai, il est élu président du gouvernement provisoire. Pour gérer les difficultés et en particulier l’inflation galopante, les concurrents ne sont pas nombreux !

Le temps passe, la France n’est toujours pas sortie d’un régime institutionnel provisoire alors que sur le plan international, les nuages s’amoncellent. Un nouveau projet de Constitution est difficilement élaboré. Le général de Gaulle, par ses déclarations et ses mises en garde, tenta, en vain, de s’y opposer. Le 13 octobre, le peuple français, las, l’approuva à une courte majorité. C’est un compromis avec tout ce que cela signifie. Le fait nouveau, c’est que le parti communiste redevient le premier parti de France et revendique la Présidence du Conseil pour son chef, Maurice Thorez.

C’était impensable, mais les jours passent à nouveau et les négociations n’aboutissent pas. Pour en finir, les socialistes, en position d’arbitre,  proposent que Léon Blum, qui ne demandait rien, forme un gouvernement de transition. La nouvelle République, qui n’a toujours pas de président, commence bien mal, dans le provisoire et le transitoire.

Vincent Auriol, Président de l’Assemblée nationale, après avoir présidé l’Assemblée constituante, attendait l’élection du président de la République par les deux Chambres réunies à Versailles, avec impatience et nervosité. Le 16 janvier 1947, il fut élu. La IVème République était enfin née, mais les difficultés n’avaient pas disparu pour autant.

Le 3 janvier 1952, le Président du Conseil, René Pléven, déclara à la chambre des Députés : « Il est évident que tout ce que nous avons donné en plus à la Défense nationale, nous l’avons donné en moins à la construction et aux investissements.

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