« J’ai souvent regretté d’avoir parlé. Je n’ai jamais regretté de m’être tu »


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Chaque jour, ou presque, cette confidence d’un ancien ministre trouve à s’appliquer. La semaine dernière, les propos du ministre d’Etat, ministre de l’intérieur, tenus à la Maison blanche, ont, de l’avis général, été irresponsables. Ce n’est pas du « parler vrai », c’est une faute. Un dérapage également, le commentaire « freudien » que Laurent Fabius a jugé utile de faire à Lens sur les propos malheureux de Nicolas Sarkozy. C’était déjà beaucoup pour la semaine.
Le pape Benoît XVI, quelques jours après l’anniversaire du 11 septembre, a fait à Ratisbonne, en Allemagne, une conférence qui serait sans doute passée inaperçue s’il l’avait faite, il y a quelques mois quand il n’était encore que le théologien Ratzinger. J’ai lu sur le site du Monde l’intégralité de ce discours de grande qualité. Ce n’est pas ce texte qui est en cause, encore qu’il ne soit pas très équilibré, mais le fait qu’il ait été prononcé par le pape. Benoît XVI, emporté sans doute par la joie d’être chez lui, en Allemagne, a prononcé un discours comme il l’aurait fait il y quelques années ; un discours de professeur de théologie. Seulement voilà, il est pape et ses propos n’ont plus seulement une portée théologique, mais politique. Ses propos, qui pouvaient prêter pour le moins à interprétation, ont immédiatement entraîné la nécessité pour lui de dire qu’il « était absolument désolé ». Heureusement, seuls les radicaux chrétiens et musulmans, en ont tristement « rajouté ». Dans une période extrêmement sensible où il faut au contraire encourager et aider les musulmans modérés, le pape aurait mieux fait de s’abstenir de choisir cette citation d’un Empereur Byzantin.
Je sais que ce n’est pas dans l’air du temps. Nombreux sont ceux qui sont convaincus qu’il faut tout dire, en permanence, sur tous les sujets, en famille, en société, dans les affaires. Ils se trompent. Sur le plan politique, ils prennent leur part de responsabilité dans le chaos et le désordre. Sur le plan international, ils précipitent le choc des religions, des cultures, des civilisations et, comme le disait hier soir François Bayrou, jouent avec de la nitroglycérine qui n’aime pas être secouée. Enfin, sur le plan familial, le comportement radical et brutal, au nom de la vérité, ne provoque le plus souvent que des drames et des malheurs.
Le ministre a raison, pour ne pas avoir à le regretter, il est préférable de commencer par se taire.


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