France is back


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Baptisée « Choose France » (choisir la France), la réception organisée par le chef de l’État dans la galerie des Batailles du château de Versailles avait pour but de convaincre les principaux « premiers de cordée » du monde entier que la France est aujourd’hui le pays dans lequel il faut être.

Sur la route de Davos, les PDG de Google, de Facebook, de Goldman Sachs, de JP Morgan, de Coca-Cola et d’autres moins connus mais également puissants, ont dégusté le dîner préparé par Alain Ducasse en écoutant le chef de l’État parler de la France. Emmanuel Macron, l’homme qui ne se fixe aucune limite, entend capitaliser sur l’onde choc que son élection a produite. Aux yeux du monde entier, la France est en train de changer. Son attractivité est en cours de restauration. Il faut dire que le Brexit, l’image abîmée des États-Unis, la pause politique en Allemagne, lui offre un boulevard.

Le chef de l’État sait que « l’alignement des planètes » ne durera pas. Il doit accélérer, écarter les difficultés intérieures, mettre en valeur les atouts de son pays, pour convaincre les principaux investisseurs internationaux que la France est de retour au premier plan de l’économie mondiale. Il faut faire vite, car l’illusion d’optique pourrait ne pas durer. Le moral des industriels est au plus haut alors que, dans les faits, la situation ne s’améliore pas. La compétitivité de la France continue de se dégrader. Le commerce extérieur ne se redresse pas. Les entreprises exportatrices ne parviennent pas à profiter de l’embellie que connaît le commerce mondial. La France perd du terrain par rapport à ses voisins. Avec 63 milliards de déficit du commerce extérieur en 2017, la France est le pays qui perd le plus quand l’Allemagne continue de progresser. La France a des coûts de production trop élevés malgré le CICE et le pacte de responsabilité. Il faudrait monter en gamme mais à court terme ce n’est pas possible. Il faut du temps.

À Davos, aujourd’hui, Emmanuel Macron a l’intention d’exposer aux « Maîtres du monde », sa vision de l’avenir, du monde nouveau et de la mondialisation. Son intervention est attendue. Les sondages montrent que, nonobstant l’absence d’amélioration significative de leur situation, les Français sont fiers de leur jeune chef de l’État. Ils n’ignorent pas que les réformes, notamment celles qui concernent le marché du travail, mettront du temps avant de porter leurs fruits. Ils sont apparemment disposés à attendre, à lui laisser du temps. Emmanuel Macron sait, mieux que personne, qu’il est attendu sur la diminution de la dépense publique. Il sait aussi qu’il ne doit pas casser la croissance avec des mesures aussi drastiques que celles que préconisait François Fillon. Chaque jour, dans les prisons, dans les hôpitaux, dans les forces de sécurité, à la Défense, ce sont des dépenses nouvelles qui sont exigées. Elles le sont souvent par la droite, ce qui ne manque pas de sel !

Le magazine britannique The Economist vient de consacrer la France « pays de l’année 2017 ». Ce n’est pas un succès, c’est tout au plus un encouragement. L’exécutif affiche d’ailleurs une modestie louable. Bruno Le Maire explique que « Pour la première fois depuis dix ans, le déficit est au-dessous des 3 % en 2017, malgré les 8 milliards de sous-budgétisation du précédent gouvernement et les 10 milliards d’euros à rembourser au titre de la taxe sur les dividendes. Nous avons décidé de baisser massivement la fiscalité du capital dès cette année, de mettre en place le prélèvement forfaitaire unique, de réduire l’impôt sur les sociétés et de supprimer l’ISF. » Ces mesures sont destinées à créer de la confiance, à accélérer le retour de la croissance et à attirer les investisseurs. Rassurant, vertueux, celui qui voulait tant être le ministre de l’Économie de Nicolas Sarkozy quand François Baroin a tout fait pour lui chiper la place en juin 2011, confirme que les recettes fiscales supplémentaires liées à l’amélioration de la croissance seront prioritairement affectées au désendettement de la France.

Dans Le Monde du 25 janvier 2018

L’opposition paraît impuissante face à ce chef de l’État d’un type nouveau qui s’est révélé capable de balayer le paysage politique qui semblait incontournable. « France is back ». Pays quasiment le plus pessimiste de la planète, derrière l’Afghanistan, notre pays semble retrouver l’optimisme dans toutes les catégories sociales. Les Français semblent assez satisfaits d’avoir, par leur vote, jouer un bon tour à toute une génération d’hommes et de femmes politiques.

Des couacs, il y en a, il y en aura, avec de nouveaux députés et ministres inexpérimentés. Le conflit social dans les établissements pénitentiaires en est l’illustration. Le Premier ministre, à l’attitude et au courage exemplaires, montre l’exemple de ce qu’est le rôle du Premier ministre sous la Ve République et la loyauté envers le chef de l’État. Quel changement !

Proposer au pays un projet à la fois de gauche et de droite semblait impossible, il y a encore quelques mois. Giscard en avait rêvé, Macron le fait, enfin, pour le moment !

Il applique ses engagements, sauf pour Notre Dame des Landes, mais les Français approuvent très majoritairement sa décision. Réformateur, il l’est incontestablement. Il l’est avec audace, avec panache. L’histoire seule jugera si l’œuvre de renaissance entreprise, la promesse de son discours du Louvre, le soir de son élection, sera réussie. Est-ce que son passage aux affaires de la France marquera durablement son époque ou apparaîtra comme une aventure ? Il est encore trop tôt pour le dire et même pour l’imaginer.

 


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