EUROPE – 2005, annus horribilis


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L’année 2005 a été l’année du doute ; même les nouveaux membres de l’Union européenne ont perdu en quelques semaines une grande part de leur affectio societatis. Les opinions publiques sont, dans l’ensemble, en décalage avec les Chefs d’Etat qui n’ont pas su définir un projet européen fédérateur et compréhensible par les populations. Ce qui a frappé les observateurs pendant la campagne qui a précédé le referendum en France, c’est le caractère franco-français des arguments échangés. Ils se retournaient comme des chaussettes et le débat tournait en rond. En clair, on a mis la charrue avant les bœufs !
Pourquoi ? Avant de proposer un projet de Constitution d’une longueur et d’une précision giscardienne, il aurait fallu pouvoir apporter aux populations des réponses aux questions qu’elles sont en droit de se poser. Qu’est ce que l’Europe ?; Quelles frontières pour l’Europe ?; Est-ce qu’il s’agit d’un projet géographique, religieux, démocratique, économique ?; Est-ce que Europe et Union européenne ont le même sens ? Existe –t-il une identité européenne ? L’Union doit-elle avoir des institutions à caractère constitutionnel ou être essentiellement une aire d’influence ? Quelle politique de voisinage ? Les frontières du christianisme sont- elles les nouvelles frontières de l’Europe ? Charles-de-Gaulle, après Pierre-le-Grand parlait d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural, Le problème n’est pas nouveau !
Il faut aller loin de France, à l’autre bout du Monde, pour avoir les idées plus claires. A Tokyo, Sao Paulo ou Johannesburg, l’Europe n’est pas vue sous le même angle qu’à Paris ou à Bruxelles. Le Monde apparaît aujourd’hui divisé en trois grands ensembles : L’Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada, Mexique), l’Asie orientale (Japon, Chine) et l’Europe. La puissance économique de l’Europe ainsi définie, dépasse les frontières de l’Union européenne. Cette nouvelle carte du Globe bouleverse les idées reçues et modifie considérablement les raisonnements. L’ensemble Europe représente près du tiers de la richesse mondiale. Il n’a rien à voir avec les contours actuels, et sans doute futurs, de l’Union européenne qui s’est laissée entraîner, sans vision d’avenir, vers une similitude des périmètres, par élargissements successifs. Pascal Lamy, ancien commissaire européen, aujourd’hui directeur général de l’OMC, est certainement un des seuls pédagogues sur le sujet, mais son discours est prudent – le terrain est glissant – et les Européens, notamment les Français, ne sont pas tous en mesure de voir l’Europe de Hong Kong. Romano Prodi, avant de partir, avait laissé un rapport et un « testament » sur la politique de voisinage de l’Union européenne. José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, n’a pas d’idées ; il ne pense qu’à la croissance et à l’agenda de Lisbonne. La politique de voisinage est pourtant la seule solution pour concilier aire d’influence et institutions européennes, croissance et Europe politique. Quand Michel Rocard s’y est hasardé, à propos de la Turquie, il a reçu une volée de bois vert. C’est pourtant cette voie qu’il faut approfondir et mettre en œuvre si l’on veut être capable de relever les défis qui nous attendent : prospérité économique, droits de l’homme, ressources en eau, indépendance énergétique, immigration, lutte contre le terrorisme et ses nouvelles formes de fascisme. L’avenir de l’Europe se jouera en Méditerranée, berceau de la civilisation. Ce n’est pas nouveau, les peuples ont, de tout temps, eu l’Histoire de leur géographie. Cette Histoire qui nous rappelle que Byzance, actuelle Istanbul, a été capitale de la chrétienté….


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