Cent jours qui ébranlèrent le monde (24 au 31 mars)


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Cent jours se sont écoulés entre le 30 décembre 2019, date à laquelle l’OMS a officiellement été informée par les autorités chinoises, de cas de pneumonies d’une origine inconnue dans la ville de Wuhan et le jour où Wuhan, point de départ de la crise, est sortie du confinement. Si le nombre de morts du Covid-19 est officiellement de 2 567 à Wuhan, certains l’estiment dix fois plus élevé. Sur les réseaux sociaux, des Chinois continuent à réclamer et à rechercher la vérité

Cent jours qui marqueront probablement une rupture majeure dans l’histoire de l’humanité.

Je renonce à poursuivre la restitution au jour le jour des événements, tant ces événements constituent un véritable tsunami qui emporte tout sur son passage. Comparée à une guerre, dès le début, cette pandémie a d’ores et déjà provoqué la « plus forte récession » qu’ait connue la France depuis 1945. Le Bureau international du travail prévient que la pandémie va faire disparaître l’équivalent de 195 millions d’emplois à temps plein. L’effondrement de la valeur ajoutée durant la période de fermeture de nombreuses entreprises sera d’une ampleur exceptionnelle. Le classement « Forbes » des plus grandes fortunes de la planète a vu la disparition de 226 milliardaires en quelques jours.

La pandémie a fait plus de 100.000 morts dans le monde. Plus de 1.664.110 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 193 pays et territoires. Les pays qui ont enregistré le plus de nouveaux décès en 24 heures sont les États-Unis avec 2 108 nouveaux morts, la France (987) et le Royaume-Uni (980).

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu qu’une levée prématurée des mesures de confinement pourrait entraîner une « résurgence mortelle » de la pandémie.

Qualifiée de grippe saisonnière il y a trois mois, cette pandémie provoque tous les excès de langage possible et imaginable. Les dirigeants politiques ont réagi trop tard, disent les uns ; ils en font trop, disent les autres. Ils auraient commis un crime d’État, pour certains, alors que tous les gouvernements ont tardé à prendre des mesures efficaces parce qu’ils n’étaient pas préparés à une telle pandémie, pourtant prévisible un jour ou l’autre. Les États-Unis, première puissance du monde, ont eux aussi tardé à prendre au sérieux l’épidémie. Ils se révèlent vulnérables, fragiles, mal organisés. New York enterre ses morts dans des fosses communes. Jamais tant de bêtises n’ont été dites au nom de la liberté d’expression. Jamais, non plus, la recherche clinique n’a avancé aussi vite pour trouver un traitement.

24 mars

Aux États-Unis, l’économie est en chute libre. Le Dow Jones, qui a perdu 37 % de sa valeur depuis le plus haut atteint en février, a effacé tous les gains boursiers depuis l’élection de Donald Trump qui, après avoir pris la mesure de la gravité de l’épidémie, redoute les effets négatifs du confinement sur l’économie.

Emmanuel Macron cherche à unir la nation, en s’inspirant de Georges Clemenceau, mais la société française, déjà particulièrement fracturée, ne comprend pas les contradictions de l’exécutif dans la gestion de la crise sanitaire et économique.

De nouvelles mesures sont entrées en vigueur en France, qui modifie l’attestation de déplacement dérogatoire quand on sort de chez soi.

L’hydroxychloroquine, que défend le Pr Didier Raoult, divise les chercheurs et provoque un séisme médiatique planétaire. Le conseil scientifique sur le Covid-19 juge sévèrement le protocole et les résultats auxquels se réfère le professeur de l’IHU Méditerranée infection, à Marseille.

Des groupes industriels américains, allemands, suisses ou français sont mobilisés pour produire le plus vite possible des respirateurs artificiels.

Les Jeux olympiques de Tokyo reportés d’un an

25 mars

Pékin affirme avoir vaincu le virus et se vante d’avoir bien géré la crise. L’Inde est le dernier pays à instaurer un confinement total pour son 1,3 milliard d’habitants.

Les États-Unis vont lancer un plan de relance de 2 000 milliards de dollars pour soutenir son économie. C’est le plus vaste plan de sauvetage économique de l’histoire des États-Unis qui dénombrent 701 morts et plus de 55 000 cas officiellement déclarés de Covid-19.

Au Brésil, Jair Bolsonaro minimise les risques que comporte la pandémie, alors que plus de la moitié de l’humanité est confinée pour tenter d’endiguer la pandémie.

Les ministres des finances de l’Union européenne ne parviennent pas à s’entendre sur la réponse à apporter à la crise économique alors que l’épidémie et le confinement, sont susceptibles de provoquer une dépression comparable à la crise de 1929.

La France ne dépiste pas suffisamment en raison de difficultés techniques et logistiques. Le gouvernement a adopté, mercredi 25 mars, vingt-cinq ordonnances – économiques, sociales, judiciaires – pour faire face aux conséquences économiques et sociales de l’état d’urgence sanitaire provoqué par l’épidémie de Covid-19. Ces mesures, ne font pas l’unanimité dans le monde politique.

La Belgique, elle aussi, possédait un stock important mais l’a détruit. Alors que plus de 3 milliards de personnes dans le monde sont confinées, la Suède refuse pour le moment de prendre des mesures coercitives. Au Royaume-Uni, le gouvernement demande aux Britanniques de rester chez eux pour éviter la propagation du coronavirus.

26 mars

Jeudi 26 mars, les Vingts-Sept se réunissent en visioconférence pour la troisième fois en moins de trois semaines.

27 mars.

Dans un entretien à la revue Science, Georges Gao, qui dirige la plus haute autorité de santé en Chine, le Chinese Center for Disease, met en garde : « La grande erreur aux États-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque. » « Il faut porter un masque. » Dans quatre pays d’Europe centrale (République tchèque, Slovaquie, Autriche et Slovénie), il a été rendu obligatoire dans l’espace public.

Le Premier ministre a annoncé un allongement de la période de confinement de quinze jours, jusqu’au 15 avril « au moins », mais a d’ores et déjà rappelé que le conseil scientifique l’évaluait à « six semaines au global ».

Depuis des semaines, les services hospitaliers, en France, réclament des masques. Ils ont été commandés, mais tardivement. Au Royaume-Uni et aux États-Unis, il a été demandé aux industries automobiles d’adapter leurs lignes de production pour en produire.

États-Unis : le chômage est passé de 282.000 demandeurs d’emploi à 3,3 millions en l’espace d’une semaine seulement, soit une hausse de plus de 1 000 %. Du jamais vu dans l’histoire du pays puisque le précédent record remontait à 1982 où on avait connu une hausse de 700 000 chômeurs en une semaine. Le système de protection sociale, en grande partie détricoté par Donald Trump, plonge de nombreux Américains dans la misère. Des Américains qui ne s’arrêtent pas de travailler pour se soigner et contaminent leurs collègues. Pour certains républicains, « plutôt mourir » que de voir le confinement plomber l’économie américaine. La déclaration a choqué, mais elle n’est pas surprenante. « L’économie et les entreprises d’abord ». Il faut se souvenir qu’aucun président américain n’a été réélu en période de récession.

Les États-Unis dénombraient jeudi plus de cas recensés du nouveau coronavirus que tout autre pays dans le monde, dépassant la Chine et l’Italie.

Le coronavirus a déjà tué plus de 23 000 personnes dans le monde, dont les deux tiers en Europe. En France, où le bilan atteint près de 1 700 morts, l’épidémie continue de s’aggraver avec 365 décès enregistrés à l’hôpital en vingt-quatre heures. L’augmentation du nombre de cas en Italie, pays le plus durement touché au monde avec plus de 8 000 décès, semble ralentir. L’Espagne, devenue la veille le deuxième pays le plus touché au monde devant la Chine en nombre de morts, a franchi jeudi la barre des 4 000 décès. Le Royaume-Uni a quant à lui pour la première fois dénombré 100 morts en une journée.

La Chine a décidé de fermer ses frontières à la plupart des étrangers à partir de samedi.

Les mesures de confinement ont conduit à un exode important de Franciliens vers la province. Une analyse statistique des données téléphoniques réalisée par l’opérateur Orange estime que près de 1,2 million d’entre eux – soit 17 % des habitants de la métropole du Grand Paris – a quitté leur région entre le 13 et le 20 mars.

De manière générale, toutes les sociétés modernes développées ont perdu « l’habitude de la catastrophe » et chacune d’entre elles, qu’il s’agisse de Tchernobyl, du 11 septembre 2001, du terrorisme, ou de la crise des migrants du milieu des années 2000, nous rappelle que la catastrophe fait encore partie de la vie de ces sociétés.

Emmanuel Macron, après un échange avec son homologue américain, a annoncé qu’il préparait avec le président américain et d’autres pays une « nouvelle initiative importante » face à la pandémie de coronavirus.

Les relations internationales se tendent. La Chine colporte l’idée que le virus a été artificiellement créé par les États-Unis. L’Organisation mondiale de la santé est pointée du doigt pour n’avoir su alerter à temps de l’ampleur de la crise. L’Union européenne aussi qui n’a pas de politique de santé, alors que ce domaine ne figure pas dans les traités.

Il est maintenant évident que l’organisation du premier tour des municipales était une erreur.
Les communes ou un second tour est nécessaire sont au nombre de 3 000 et les plus peuplées. Édouard Philippe a laissé entendre que le scrutin pourrait avoir lieu le 21 juin.

28 mars

Les États-Unis, repliés sur eux-mêmes, n’exercent plus aucun leadership. La Chine en profite pour monter en puissance, mais son comportement, dans cette crise sanitaire, est loin d’être exemplaire. Donald Trump, le 26 février, l’assurait sans rire : « On a 15 personnes infectées, d’ici quelques jours, ça sera proche de zéro. » Une prédiction qui passe mal un mois plus tard, avec 100 000 cas, plus de 1 500 morts, et une situation qui pourrait devenir catastrophique à New York.

La Russie va totalement fermer ses frontières à partir de lundi pour lutter contre l’expansion du nouveau coronavirus, ont annoncé samedi les autorités russes. L’Italie compte désormais 9 134 morts, l’Espagne plus de 4 858 et la Chine, 3 292 morts déclarés. À Singapour, les autorités menacent de six mois de prison ceux qui ne respecteront pas les distances entre particuliers. Le confinement a été décidé en Italie au 800e mort, en Espagne et en France au 200e. Pour l’instant la courbe française suit celle de l’Italie (avec le décalage bien sûr). Tout se joue donc dans les prochains jours. Le Premier ministre britannique a été testé positif au coronavirus. Début mars, il se vantait : « Je serre des mains. J’étais à l’hôpital l’autre soir où je crois qu’il y avait des patients atteints du coronavirus, et j’ai serré la main de tout le monde, ça vous fera plaisir de le savoir. Et je continue à serrer des mains. »

Alors que la France a été placée en confinement depuis une dizaine de jours, et que les déplacements sont restreints aux urgences, 225 000 procès-verbaux ont été dressés par les forces de l’ordre pour non-respect des mesures.

Les autorités sanitaires d’Ile-de-France sont engagées dans une course contre la montre. Il faut, en quelques jours, trouver mille lits de réanimation supplémentaires, c’est-à-dire pratiquement doubler la capacité actuelle, afin d’affronter l’afflux de malades du coronavirus qui s’annonce dans les établissements de soins franciliens. Il n’y a pas assez de respirateurs, alors que le pic des besoins en réanimation est à prévoir dans quinze jours à trois semaines. Les médicaments anesthésiques, qui permettent de placer sous respirateur artificiel les malades Covid-19, sont en tension en Ile-de-France. Le corps médical tente de rationner leur utilisation. D’autres médicaments essentiels pour faire face à l’épidémie pourraient très vite venir à manquer.

Les statistiques de l’épidémie sont qualifiées de « vertigineuses » par le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France. « La vague est là », « près de 1 300 personnes » se trouvent actuellement en réanimation en Ile-de-France, alors que la région dispose de 1 500 lits en réanimation dédiés au Covid-19. « Il va falloir tenir dans la durée ».
La situation dans les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) est jugée préoccupante.

Des voix commencent à s’élever pour dire qu’il y aura un « avant » et un « après » Coronavirus, comme il y eut un « avant » et un « après » 1 945. Sociologues, philosophes, essayistes, se demandent à quoi ressemblera le monde de demain sur le plan géopolitique, économique, sociétal. Que va devenir la globalisation « heureuse », après cet épisode de fin du monde ?
N’en déplaise aux populistes, il faudra beaucoup de solidarité et de multilatéralisme pour éviter des conflits, des guerres et un accroissement des inégalités.

Cette crise profite aux extrémistes et fondamentalistes de toutes sortes qui prédisent la fin du monde et respectent, à leur façon, le confinement de la population. L’épidémie est partie d’un rassemblement évangélique qui a eu lieu dans le Haut-Rhin, avec plus de 3 000 personnes et un non-respect des mesures barrières : c’est-à-dire, tout ce qu’il ne faut pas faire

Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a annoncé qu’en France, on compte désormais 1 995 décès du Covid-19. 32 964 cas ont été confirmés par test PCR. 15 732 personnes sont hospitalisées pour une infection Covid, 3 787 sont en réanimation dans un état grave. Un tiers des patients hospitalisés ont moins de 60 ans, 42 ont moins de 30 ans. En outre, 85 % des décès ont plus de 70 ans.

Plus d’un quart (26 %) des Français pense que le nouveau coronavirus a été fabriqué en laboratoire, dont 17 % « intentionnellement », et ce dernier chiffre bondit à 40 % chez les sympathisants du Rassemblement national, selon une récente étude de l’Ifop.

Chacun exprime son opinion. Après avoir été sélectionneurs de l’équipe de France de foot, 67 millions de Français sont aujourd’hui épidémiologistes et savent ce qu’il aurait fallu faire. C’est la France ! Derrière la désignation de boucs émissaires, il y a surtout la peur, une peur primaire qui pousse à la bêtise, à critiquer toutes les décisions, quelles qu’elles soient.

Le MEDEF demande des nationalisations. On aura tout vu !

En temps de crise, comme en temps de guerre, la confiance dans les gouvernants est essentielle. Aujourd’hui, les mesures mises en place pour lutter contre l’épidémie sont jugées insuffisantes par 59 % des sondés. Le manque de masques et de tests de dépistage, ainsi que les coups de boutoir de la partie de l’opposition qui refuse l’union nationale, explique en grande partie cette baisse de confiance.

« Quoi qu’il en coûte », est devenu le mot d’ordre de tous les chefs d’État, de gouvernement et de toutes les banques centrales. Le QE (quantitative easing, rachats de titres), l’arme absolue des banques centrales prêtes à tout acheter, à tout garantir : les bons du trésor, les prêts hypothécaires, les obligations d’entreprise, les obligations municipales, les emprunts à court terme, les crédits à la consommation. La Réserve fédérale américaine achète tout. Le gouvernement allemand n’est pas en reste. Il a annoncé son intention de revenir sur sa règle d’or constitutionnelle, le schwarze Null, qui lui interdit de faire du déficit budgétaire. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a annoncé le 20 mars la suspension des règles de discipline budgétaire de l’Union afin de permettre aux États membres de dépenser autant que nécessaire pour lutter contre les conséquences économiques du coronavirus. Le gouvernement français a lui aussi assuré que « quoi qu’il en coûte », il se tiendrait aux côtés des entreprises françaises, sans s’en tenir aux règles européennes. Il a déjà annoncé une enveloppe de quelque 300 milliards pour venir en garantie de l’économie. Boris Johnson, le Premier ministre britannique, a lui aussi promis un plan d’aide de 300 milliards de livres pour soutenir l’économie britannique.

Le monde est en train de perdre la tête.

Un virus, inconnu il y a encore quelques semaines, met au défi la totalité des États nations, d’apporter des réponses thérapeutiques, mais aussi politiques. C’est sans précédent. Quand, le mars, j’ai intitulé mon article : « Aux abris », j’avais conscience d’y aller un peu fort. Un mois après, les gouvernants n’ont que le confinement des populations, comme système de défense à opposer au virus.

29 mars

Je prenais mon petit-déjeuner, quand j’ai appris que Patrick Devedjian, président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, ministre pendant les quinquennats de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 75 ans. Il avait annoncé être atteint par le coronavirus le 26 mars.

Faute de vaccin ou de traitement éprouvé, plus de 3 milliards de personnes dans le monde restent confinées chez elles, pour éviter la propagation du Covid-19.

La pandémie a déjà fait plus de 30 000 victimes sur la planète. L’Europe est le continent le plus durement touché et concentre deux tiers des décès mondiaux. Les États-Unis sont, eux, le pays ayant enregistré le plus grand nombre de cas confirmés (124 000) et le nombre des décès a atteint 2 185, samedi, selon l’université Johns-Hopkins, dont le décompte fait référence. Le nombre des morts a doublé depuis mercredi, lorsqu’il avait dépassé les 1 000 décès.

L’Italie et l’Espagne concentrent à elles seules près des trois quarts des décès européens. Devant cette aggravation du nombre de morts, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé l’arrêt de toutes les activités économiques « non essentielles » durant deux semaines. En Italie, la contagion poursuit son lent ralentissement. Le Royaume-Uni, où le prince Charles, héritier de la couronne, ainsi que le Premier ministre, Boris Johnson, sont contaminés, a dépassé, quant à lui, la barre des 1 000 morts. Pour prévenir la contamination de cas de coronavirus « importés », la Chine a fermé depuis samedi temporairement ses frontières à la plupart des étrangers et réduit drastiquement ses vols internationaux.

Les pays du G20 ont promis d’injecter 5 000 milliards de dollars pour soutenir l’économie mondiale.

La France a commandé « plus de 1 milliard » de masques, mais le chef de l’État peine à la fois à rassurer et à faire suffisamment peur pour que les recommandations soient suivies. Il parle, beaucoup, longuement, mais ne convainc pas. Comment sensibiliser son peuple sans basculer dans la psychose ? Quels mots employer pour s’adresser à son peuple, tout en conservant une certaine hauteur ? Un nom revient beaucoup ces derniers jours, celui de Winston Churchill. L’ancien Premier ministre britannique n’a pas failli quand il s’est agi de résister au blitz et beaucoup le citent en exemple.

Cette crise sanitaire, « la plus grave qu’ait connue la France depuis un siècle », est très difficile à gérer. Le chef de l’État va sur le terrain, se montre humain, courageux, mais ce n’est pas suffisant dans le monde d’aujourd’hui.

Le président américain ne fait pas mieux face à un « ennemi invisible » et à tant d’inconnus.

Je ne peux résister à l’envie de restituer ses tweets les plus célèbres, sur ce sujet.

7 février : «… alors que le temps commence à se réchauffer, le virus, espérons-le, va s’affaiblir puis disparaître. »

  • 14 février : «… Nous sommes en très bonne forme. »
  • 24 février : « Le coronavirus est sous contrôle aux États-Unis. »
  • 28 février : « Un jour, c’est comme un miracle, ça va disparaître » et « C’est leur nouveau canular ».
  • 4 mars : « Certaines personnes n’iront même pas chez un médecin ou à l’hôpital, et elles iront mieux. »
  • 12 mars : « Les États-Unis, à cause de ce que j’ai fait et de ce que l’administration a fait avec la Chine, nous avons 32 morts à ce stade… »
  • 15 mars : « C’est un virus très contagieux. C’est incroyable. Mais c’est quelque chose sur lequel nous avons un énorme contrôle. »
  • 16 mars : « Non, ce n’est pas sous contrôle, nulle part dans le monde. »
  • 17 mars : « J’ai senti que c’était une pandémie bien avant qu’elle ne s’appelle une pandémie. »

Donald Trump a émis le souhait d’un retour à la normale pour Pâques, le 12 avril. Qui peut le croire ? Le devoir d’optimisme, c’est bien, mais il trouve ses limites.

Un vaste essai européen coordonné par l’Inserm, baptisé « Discovery », a démarré le 22 mars pour tester l’efficacité de différentes molécules, dont l’hydroxychloroquine, contre le Covid-19. Huit cents patients français atteints de formes sévères du Covid-19 seront inclus dans cet essai, et 3 200 en Europe, soit bien davantage que les 80 de la dernière étude du professeur Raoult. Cette recherche est un essai réalisé par tirage au sort et qui prévoit cinq modalités de traitement, parmi lesquelles l’hydroxychloroquine, qui sera comparée comme les autres molécules testées.

La pandémie de Covid-19 a fait près de 32 000 morts dans le monde et près de 680 000 cas ont été recensés.

30 mars

Donald Trump a surpris son auditoire quand il a déclaré, en conférence de presse : « Si nous avons entre 100 000 et 200 000 morts, nous aurons fait un très bon travail. »
« C’est un chiffre horrible », a t-il reconnu, rappelant que le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies parlait d’1,7 millions de victimes potentielles à la mi-mars.

En Allemagne, le confinement est une prérogative des Lander. La chancelière, fille de pasteur, tient un discours sobre, mesuré, sans effet de manche.

Ce lundi 30 mars, le Parlement hongrois a adopté un projet de loi accordant à Viktor Orbán les pleins pouvoirs sur l’idée simple que seuls les États-nations forts peuvent affronter la crise due au Covid-19.

Marine Le Pen a accusé aujourd’hui le gouvernement de mentir sur « absolument tout, sans aucune exception ».

La livraison de l’Insee sur les conséquences du confinement sont dévastateurs. Le PIB annuel chuterait de 3 % pour un seul mois de confinement. C’est assez théorique, car tout dépendra de la sortie de la crise sanitaire

Le recours au chômage partiel a été demandé par 220 000 entreprises et concerne environ 2,2 millions de salariés.

31 mars

Neuf pays, dont la France, veulent instaurer des « corona bonds« , qui sont des instruments permettant de rassembler des fonds au nom de toute la zone euro afin de lutter contre le Covid-19. Mais plusieurs pays, dont l’Allemagne, s’y opposent au risque de donner l’impression d’un manque de solidarité européenne face à une crise sans précédent.

L’idée des « corona bonds » a d’abord été mise sur la table par Christine Lagarde, la directrice de la Banque centrale européenne (BCE), en début de semaine dernière. Il s’agit d’obligations qui permettraient aux États membres de la zone euro de lever de l’argent sur les marchés à pas cher. En effet, les intérêts, au lieu d’être indexés sur la santé financière du pays emprunteur, seraient liés à celui de la zone euro dans son ensemble. Il s’agirait d’une sorte de grand emprunt mutualisé dans le but de créer un pot commun dans lequel les États pourraient piocher selon leurs besoins.

L’Allemagne et les pays d’Europe du Nord craignent que les « corona bonds » changent la nature même de la zone euro. « À partir du moment où on parle de mutualiser la dette, on entre dans une perspective plus fédéraliste de la zone euro, ce qui aurait des conséquences profondes sur le fonctionnement des institutions« , explique Christophe Blot.

En effet, les pays pourraient difficilement utiliser des fonds obtenus grâce à l’émission de « corona bonds » sans que les autres États de la zone euro, qui seraient tenus de rembourser en cas de défaut de paiement, aient un droit de regard sur la manière dont l’argent est dépensé. En d’autres termes, la mise en place de « corona bonds » ferait basculer la zone euro dans une nouvelle dimension où la politique budgétaire d’un pays serait un peu plus l’affaire de tous. « On critique beaucoup l’Allemagne pour son manque de solidarité dans cette affaire, mais il faut aussi se demander quel pays aurait envie que Berlin devienne une sorte d’arbitre de ses choix budgétaires », souligne Christophe Blot.

La question de la mutualisation de la dette ravive les divergences entre pays du nord et du sud de l’Europe. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte refuse catégoriquement de discuter de la solidarité financière. L’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors a mis en garde contre « le climat qui semble régner entre les chefs d’Etat et de gouvernement et le manque de solidarité européenne » face à un danger mortel ».

C’est une épidémie « inédite, sévère, meurtrière ». C’est avec ces mots que le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a qualifié l’épidémie de Covid-19 qui touche la France depuis plusieurs semaines. Le professeur Salomon a indiqué que le nouveau bilan s’élevait désormais à 3 024 décès dus au coronavirus, dont 418 au cours des dernières vingt-quatre heures – la plus forte hausse constatée jusqu’à présent.

Emmanuel Macron, en visite à l’usine de masques de la PME Kolmi-Hopen en périphérie d’Angers (Maine-et-Loire), le plus gros des quatre producteurs français, a tenu à « montrer la mobilisation exceptionnelle de notre industrie pour faire face aux besoins liés à la crise du Covid-19 ».

Plusieurs associations de santé et des juristes ont saisi en urgence le Conseil d’Etat, lundi 30 mars, pour sommer le gouvernement de réquisitionner, « à l’échelle industrielle », des usines de production pour fournir des masques, des respirateurs et des médicaments indispensables, qui commencent déjà à être rationnés.

L’activité manufacturière en Chine, qui s’était effondrée en février, a connu en mars un rebond, mais la Banque mondiale s’alarme désormais d’un risque de croissance zéro pour la deuxième économie mondiale.

Le monde s’interroge sur le bilan réel de la crise sanitaire en Chine. Officiellement, d’après les autorités du pays, seules 2 535 personnes ont perdu la vie à Wuhan. Or, depuis lundi 23 mars, les photos d’impressionnantes files de Chinois tentant de récupérer une urne devant les crématoriums de la métropole se multiplient. La presse britannique affirme que Boris Johnson a été informé par des scientifiques que la Chine pourrait avoir minoré le nombre de cas confirmés « dans un facteur de quinze à quarante ».

George Gao, le directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, a accordé une itw au journal Le Monde, dont il ressort que « Personne, nulle part dans le monde, n’aurait pu prédire que ce virus allait entraîner une pandémie. C’est la première pandémie de l’histoire qui ne soit pas causée par un virus de la grippe et que la distanciation sociale est la stratégie fondamentale dans le contrôle de toutes les maladies infectieuses, et plus encore des infections respiratoires ». Il a beaucoup insisté sur le fait qu’il faut faire en sorte d’isoler tous les malades, placer en quarantaine les cas contacts, interdire tous les rassemblements et restreindre les déplacements.

La grande erreur aux États-Unis et en Europe, à son avis, est que la population ne porte pas de masque. Ce virus se transmet par les gouttelettes respiratoires, de personne à personne. Les gouttelettes jouent un rôle très important, d’où la nécessité du masque – le simple fait de parler peut transmettre le virus. De nombreux individus atteints sont asymptomatiques, ou ne présentent pas encore de symptômes : avec un masque, on peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s’échapper et d’infecter les autres.

La mondialisation est ébranlée par cette crise sanitaire mondiale. Rien ne semblait pouvoir la remettre en cause. Brutalement, un invisible virus se révèle capable de détruire une accumulation de valeurs qui n’en finissait pas de croître.

À qui ce désastre va profiter ? À Pékin et son régime autoritaire ? Aux États-Unis, capable de recouvrer sa puissance plus vite que les autres ? À l’Europe, si elle parvient à surmonter ses divisions et à démontrer sa puissance réelle ? Il est trop tôt pour l’imaginer. L’heure n’est pas encore au bilan, loin de là !

Ce qui est déjà certain, en cette fin du mois de mars, c’est qu’une crise économique, sociale et probablement politique va suivre la crise sanitaire que nous connaissons. Partout, l’État est de retour.


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