Cent jours qui ébranlèrent le monde  (20 au 23 mars)


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Le récit des « vingt jours où tout a basculé au sommet de l’Etat », qu’avaient fait Paul Benkimoun, Chloé Hecketsweiler, Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin, Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié, Olivier Faye et Solenn de Royer, dans Le Monde daté du 21 mars 2020, se terminait au moment où le confinement a été décidé et où « la France enregistre 372 morts. Elle attend toujours le « pic » fatal, bien loin d’être atteint. Mais ce même jour (le 19 mars), Paris apprend une bien mauvaise nouvelle. Son voisin italien vient d’atteindre le record mondial des morts du coronavirus : 3 405 victimes, contre – officiellement – 3 100 pour la Chine ».

A compter de cette date, le journal consacre, chaque jour, une vingtaine d’articles à la pandémie et souvent la cover et l’éditorial. Il n’était pas possible d’en restituer l’intégralité, tant les effets de la pandémie sont nombreux et périphériques. J’ai donc fait une sélection, qui n’engage que moi, dans le seul but de mettre en évidence la montée de ce péril sans précédent.

20 mars

Coronavirus : « Dans un contexte de ressources rares et face à l’arrivée massive de patients, un tri pourrait se faire »

Dans une tribune, Philippe Bizouarn, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Nantes évoque « les choix qu’auront éventuellement à faire les médecins pour décider quels patients pourront être traités en priorité ».

Sous le titre : « Coronavirus en Italie : « Une double réalité : un nombre de positifs sous-évalué et des hôpitaux qui craquent », le correspondant du « Monde » en Italie, Jérôme Gautheret, répond, dans un tchat, aux questions sur la situation sanitaire chez notre voisin transalpin.

L’Europe, Italie en tête, avec 3 405 morts, reste en première ligne du combat contre la pandémie. L’Italie manque de masques. Les marchés alimentaires restent ouverts, mais ils ont vu des restrictions dans leurs heures d’ouverture et leur règlement, de façon à veiller que soient bien respectées les distances de sécurité. Pour les primeurs, on privilégie la distribution à domicile. En ce qui concerne les bords de mer, il subsiste le flou sur la pratique sportive en plein air, qui reste autorisée quand elle est solitaire. Les deux provinces où la situation est la plus extrême (Bergame et Brescia, en Lombardie) regroupent les meilleures structures sanitaires d’Italie, et sans doute parmi les meilleures d’Europe. Mais, quand il y a un tel afflux de malades, de toute façon, aucun système de santé n’est efficace.

En Lombardie, où le système est complètement débordé, on n’a plus les moyens de tester. Les transports continuent, pour l’heure, à fonctionner, et certains services, comme les aides à la personne, commerces alimentaires ou de première nécessité, restent naturellement ouverts, sans pénurie. Comme en France, le télétravail n’est pas possible pour tout le monde.

La vie politique italienne est d’ordinaire très agitée, on est depuis dix jours au moins dans une ambiance d’unité nationale très forte. S’en prendre à l’exécutif actuel, et au premier ministre, Giuseppe Conte, serait très mal perçu.

Les messes sont interdites, mais les églises sont ouvertes. Le pape François donne l’exemple en limitant le plus possible ses apparitions publiques (hormis un pèlerinage dans les rues de Rome désertes le week-end dernier), et il a déjà été annoncé que les célébrations de la Semaine sainte, cette année, se dérouleraient à huis clos.

« L’Organisation mondiale de la santé sur le pied de guerre »

Laurent Telo, dans son article, explique que « l’OMS a appelé tous les pays du globe à accentuer les programmes de dépistage des populations au coronavirus. Le 18 mars, elle a exhorté l’Afrique, encore peu touchée, à « se préparer au pire ».

« Coronavirus : les arrêtés se multiplient pour interdire les accès aux plages, parcs, forêts, montagnes… »

Face à ce qu’Emmanuel Macron considère comme de la « légèreté » dans l’application des strictes règles de confinement, de nombreux maires et préfets ont décidé de fermer parcs et jardins publics, plages et plans d’eau, de « proscrire les activités de loisirs », d’interdire l’accès aux espaces naturels… Avec un mot d’ordre : « Restez chez vous. »

A Paris, la Préfecture de police annonce le renforcement des contrôles de police dans les gares parisiennes dès aujourd’hui et durant tout le week-end et rappelle que : « Les départs en vacance et en week-end ne font pas partie des cas visés par l’attestation de déplacement dérogatoire. »

Jeudi soir, le ministère de la santé a établi de nouveaux chiffres : 108 personnes sont mortes jeudi du coronavirus, portant à 372 le nombre de décès en France. Le pays dénombre 10 995 cas, dont 4 471 sont hospitalisés. L’âge médian des contaminés est de 60 ans et 6 % des personnes mortes du Covid-19 ont moins de 60 ans.

« Jean-François Delfraissy : « Nous avons une vision à quatre semaines »

Le Monde rapporte les propos tenus sur France 2 par l’immunologiste Jean-François Delfraissy qui préside depuis le 11 mars le conseil scientifique mis en place par le ministre de la santé, Olivier Véran. « Notre message majeur est que le confinement, dans l’état actuel des ressources, est la seule façon de casser la courbe de l’épidémie et d’éviter que le système de soins explose en vol. Ce n’est pas la meilleure des solutions mais c’est la moins mauvaise. Et c’est réalisable en faisant passer chaque citoyen de cinquante contacts par jour à cinq contacts par jour. C’est ce que démontre scientifiquement une étude à paraître de la London School of Hygiene and Tropical Medicine. C’est ce qu’a réalisé la Chine par des mesures drastiques.

C’est pour cela que le confinement va durer plus longtemps qu’annoncé.

« Coronavirus : la mission impossible de Jérôme Salomon, directeur général de la santé »

Dans Le Monde du 20 mars, Raphaëlle Bacqué, dresse le portrait du directeur général de la santé en ces termes : « Dès 2016, l’actuel directeur général de la santé s’inquiétait des insuffisances du système de santé français. Confronté aujourd’hui à la pandémie causée par le coronavirus, il se voit obligé de les justifier. Depuis des semaines, Jérôme Salomon a deux visages. Celui, rond et rassurant, du directeur général de la santé, énonçant derrière un pupitre, chaque soir depuis le 21 janvier, aux alentours de 18 h 30, une sinistre litanie de contaminés et de morts du Covid-19. « Un croque-mort avec une pointe de sourire au coin des lèvres », ont longtemps plaisanté les journalistes présents à son « point de situation » rituel au ministère. Et puis, l’autre, le visage plus grave de l’infectiologue, spécialiste aguerri des grandes épidémies des vingt-cinq dernières années, qui, dès la mi-février, a commencé à envoyer des textos alarmants à ses collègues médecins : « La vague arrive ! », « On va se prendre la vague ! » Comme s’il voyait fondre depuis la Chine, tel un tsunami, ce coronavirus (…) « DGS », c’est un job impossible. Un de ces postes de pouvoir exposés, où il faut être médecin, mais aussi fin psychologue, diplomate accompli et doté d’un vrai sens politique. Bref, la quadrature du cercle. »

« Coronavirus : la France pratique-t-elle assez de tests ? »

Le même jour, Gary Dagorn s’interroge dans le journal : « La France, contrairement à d’autres pays ayant mené de très larges campagnes de dépistage, a fait le choix de ne tester que les cas sévères de la maladie, c’est-à-dire ceux entraînant le plus souvent des complications respiratoires graves et potentiellement mortelles. Une stratégie cohérente avec les capacités limitées de dépistage dont elle dispose (…) Selon l’approche française, tester davantage de personnes reviendrait surtout à recenser les cas bénins, qui ne nécessitent ni hospitalisation ni prise en charge médicale lourde (…) Le lundi 16 mars, le président de l’organisation mondial de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a renouvelé ces recommandations : « Testez, testez, testez, testez tous les cas suspects de Covid-19. (…) Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés. Et nous ne pourrons pas stopper cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté. »

20 mars toujours. « Coronavirus : l’UE prend la décision inédite de suspendre les règles de discipline budgétaire »

Le Monde avec AFP informe que « L’Union européenne (UE) a annoncé vendredi 20 mars la suspension de ses règles de discipline budgétaire, une mesure inédite face aux conséquences économiques de la crise liée au coronavirus. » Dans une vidéo publiée sur Twitter, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le déclenchement de « la clause dérogatoire générale » du Pacte de stabilité et de croissance. « Cela signifie que les gouvernements nationaux peuvent injecter dans l’économie autant qu’ils en auront besoin. Nous assouplissons les règles budgétaires pour leur permettre de le faire. »

« Coronavirus : Plaquenil, le traitement de toutes les attentes »

C’est ce jour-là qu’ Hervé Morin et Sandrine Cabut, ont commencé à écrire sur l’hydroxychloroquine. Testé d’abord en Chine, et à petite échelle à Marseille, cette molécule ancienne suscite beaucoup d’espoirs. Alors que les scientifiques restent encore partagés sur le réel potentiel de l’hydroxychloroquine, un essai randomisé démarre en France.

Les journalistes du Monde racontent que le jeudi 19 mars, lors d’un point presse à la Maison Blanche, Donald Trump a un peu buté sur un mot : « Hydroxychloroquine », mais a affirmé que cette molécule avait montré des résultats préliminaires « très encourageants » contre le Covid-19. Et que la Food and Drug Administration (FDA) avait approuvé sa prescription dans cette indication. Peu après, l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux rectifiait, précisant qu’« il n’existe aucun traitement ou médicament approuvé par la FDA pour traiter, soigner ou prévenir le Covid-19 ».

Ces annonces contradictoires résument bien la tension entre les attentes qu’engendre l’hydroxychloroquine (Plaquenil), un médicament habituellement indiqué dans le traitement de maladies chroniques comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, et l’exigence de ne pas faire naître de faux espoirs, tant que son efficacité et son innocuité sur le nouveau coronavirus ne seront pas solidement évaluées.

En France, Didier Raoult, qui dirige à Marseille l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, s’est fait l’ambassadeur de cette approche thérapeutique.

21 mars

En France, l’épidémie de coronavirus a causé à ce jour la mort de 450 patients et entraîné l’hospitalisation de 5 226 malades.

Dans plusieurs villes, des Français ont bu un verre à leurs fenêtres, vendredi soir, en diffusant de la musique ou échangeant quelques paroles avec leurs voisins.

Le journal Le Monde titrait : « Coronavirus : un apéro aux fenêtres pour « combattre » le confinement » et dans un autre article : « Coronavirus : comment l’Assemblée nationale est devenue un nouveau « cluster »

Sous la signature de Manon Rescan, Lucie Soullier, Abel Mestre et Sylvia Zappi le journal raconte que « vingt-six personnes fréquentant le Palais-Bourbon étaient déclarées contaminées le 16 mars, dont dix-huit députés, l’institution a peu à peu réalisé qu’elle était devenue un foyer de l’épidémie (…) Le Palais-Bourbon est en effet une ruche de 3 000 personnes, auxquelles s’ajoutent un millier de visiteurs quotidiens (…) Au même rythme que la France, l’Assemblée nationale a compris en quatorze jours qu’elle était au cœur de la pandémie. »

Le 21 mars encore, Pascale Santi et Isabelle Rey-Lefebvre évoquaient le délicat sujet des obsèques sous le titre :« C’est un déchirement, un dilemme entre la raison et l’amour » : les familles en deuil privées de cérémonie »

Depuis lundi 16 mars, 12,7 millions d’élèves sont censés avoir école à la maison. C’est le sujet qu’évoquaient Mattea Battaglia et Violaine Morin dans un article intitulé :   « Ecole à distance, semaine 1 : « Il faut du temps pour trouver ses marques et relever le défi »

Denis Cosnard et Sacha Nelken racontent, ce jour-là, l’effet produit par l’allocution télévisée du président de la République, vue par 35 millions de téléspectateurs, « qui appelle les Français à ne plus sortir de chez eux, excepté pour se soigner, travailler ou faire des courses de première nécessité, sous le titre : « Coronavirus : en une semaine, l’Ile-de-France s’est figée »

 Parisiens en exode, écoles et magasins fermés, bureaux vides, usines à l’arrêt… En sept jours, la consommation électrique de la région a plongé de 28 %, et les volumes d’ordures ménagères de 30 %. »

21 mars

« Depuis mardi, en restant chez eux, les Français ont pris le chemin de la résistance contre le virus. Nous ne savons pas encore pour combien de temps, mais une chose est certaine, il faudra se montrer très patient et très solidaire. » Alors que le dernier bilan fait état de 6 172 malades hospitalisés et de 562 décès causés par l’épidémie de Covid-19 en France (soit 112 morts de plus en vingt-quatre heures), le ministre de la santé, Olivier Véran, a prévenu, samedi 21 mars, lors d’un point presse, que la situation allait continuer à s’aggraver « avant que les effets du confinement fassent leurs preuves ».

Le 21 mars, toujours

« Coronavirus : les Parisiens en province, entre colère et bonne cohabitation »

Par Catherine Rollot et Cécile Bouanchaud

 « Une nuée » d’estivants pour les plus tolérants, « un débarquement », « une invasion » pour les autochtones les plus courroucés. Sur toute la façade Atlantique, de Belle-Ile (Morbihan) à Ré, en passant par Oléron (Charente-Maritime) et jusqu’à Arcachon (Gironde), du Perche au Cotentin (Manche), l’afflux des « 75 », venus se confiner au vert dans leurs résidences secondaires à quelques heures de la capitale a pris de surprise, voire a piqué au vif des locaux, aspirant à profiter pour quelques semaines encore et dans le calme de leur petit coin de paradis.

En Nouvelle-Aquitaine, une région relativement épargnée jusqu’ici par le virus, tout comme dans les îles bretonnes ou charentaises, le climat printanier a souvent viré à l’orage, particulièrement sur les réseaux sociaux : « Rentrez chez vous », « Vous nous emmenez le virus », « Allez passer vos vacances ailleurs », « Vous allez saturer nos hôpitaux », a-t-on vu fleurir sur des comptes Facebook d’insulaires en colère.

22 mars

Les articles qui concernent le coronavirus sont nombreux, trop nombreux pour les évoquer tous. Exemples :

« Aux Etats-Unis, les armes sont-elles des biens « essentiels » ?

Les ventes d’armes ont brusquement augmenté dans le pays, avec une proportion notable de nouveaux acheteurs.  Par Corine Lesnes

« Président Trump, an IV : chef de guerre, chef de guéguerre »

Billet de blog de Gilles Paris

(…) Le président des Etats-Unis n’a pas été le seul dirigeant occidental à avoir tardé à réagir face à la progression de l’épidémie de Covid-19, mais il est sans doute celui qui a campé le plus longtemps dans le déni. Cet hier est révolu. Donald Trump est désormais en première ligne, sous la mitraille, au front, omniprésent dans les interminables conférences de presse quotidiennes consacrées à la crise. « Je suis un président pour temps de guerre », a-t-il clamé le 18 mars. Mobilisation générale, union sacrée, le commandant en chef n’en finit plus de défier « l’ennemi invisible ».

Les semaines de désinvolture ont-elles seulement existé ? « J’ai toujours su que c’était une pandémie. Je l’ai senti bien avant qu’on l’appelle une pandémie », a-t-il affirmé le même jour. Le président estime d’ailleurs avoir fait « du très bon boulot dès le début ». Invité à noter sa performance, il s’est accordé un « dix sur dix » le 16 mars. Personne n’a été surpris. Donald Trump trouve toujours Trump Donald excellent.

« Pandémie due au coronavirus : l’Italie et l’Espagne sont les pays d’Europe les plus touchés »

Elections reportées, postes-frontières désertés, personnes confinées, couvre-feux déployés : l’épidémie de Covid-19, dont le bilan s’élevait à 13 000 morts dimanche, paralyse une grande partie de la planète.

Le Monde avec AFP et Reuters Publié le 22 mars 2020

« Coronavirus : une journée marquée par l’adoption du projet de loi sur l’« état d’urgence sanitaire »

On déplore désormais 674 morts du Covid-19 en France, dont un premier médecin hospitalier. 1 746 personnes sont hospitalisées en réanimation.

Sur internet, les abonnés sont invités à suivre l’évolution en Live

« Coronavirus : dans toute la France, les caissières en première ligne »

Par Raphaëlle Rérolle , Marie-Béatrice Baudet , Béatrice Gurrey et Annick Cojean, qui ont enquêté auprès des « hôtesses de caisse » n’ont pas cessé le travail depuis le début de l’épidémie, obligées de rester fidèles au poste, malgré la peur d’être exposées au virus.

Ces gants-là, ça ne vaut rien. Assise derrière la caisse, elle regarde sa main comme un objet

22 mars

Les mesures de confinement liées à l’épidémie de Covid-19 ont poussé de nombreux Français à faire des provisions, vidant les rayons de supermarchés. Mais des stocks existent tout au long de la chaîne.

« Coronavirus : y a-t-il un risque prochain de pénurie alimentaire ? »

Par Marc Bettinelli

Le même jour, un billet de blog de circonstance :

« Journal de crise des blouses blanches : « La consigne est de se cacher quand le brancard passe »

 « Le Monde » donne la parole, chaque jour, à des personnels soignants en première ligne face au coronavirus. Ils racontent « leur » crise sanitaire. Episode 1.

Ils travaillent à l’hôpital ou en médecine de ville, ils sont généralistes, infirmières, urgentistes, sage-femme : une quinzaine de soignants, en première ligne face à la pandémie de Covid-19, ont accepté de nous raconter leur quotidien professionnel. Chaque jour, dans ce « journal de crise », Le Monde publie une sélection de témoignages de ces « blouses blanches ».

« Les maires s’organisent pour lutter contre la propagation du coronavirus »

Plusieurs municipalités ont imposé un couvre-feu pour limiter les déplacements. A Paris, de nouveaux lieux publics ont été fermés aux piétons.

Par Sacha Nelken

En temps normal, ils auraient passé ce qui devait être la semaine d’entre-deux-tours des élections municipales à négocier, militer et tracter pour se faire élire dimanche 22 mars. Mais, avec l’épidémie liée au coronavirus qui frappe la France depuis plusieurs semaines et, au passage, le report du scrutin, les maires se trouvent aujourd’hui en première ligne pour lutter contre la propagation du Covid-19. Notamment pour faire respecter le confinement imposé par le gouvernement.

Un confinement « que beaucoup prennent à la légère », estime le président de la République, Emmanuel Macron. Durant la première semaine où les Français n’étaient invités à sortir de chez eux qu’en cas de nécessité extrême, de nombreuses images de quais, de bords de mer ou de lieux publics encore trop fréquentés ont fait le tour des réseaux sociaux ou des chaînes de télévision, poussant de nombreux maires à agir. « Il faut aller vers un confinement beaucoup plus sévère », affirme ainsi la première magistrate de la ville de Paris, Anne Hidalgo, dans un entretien au Parisien le dimanche 22 mars.

« Coronavirus : « L’union sacrée est en partie une fiction politique »

Solenn de Royer, dans son article, restitue les propos qu’elle a recueillis auprès de Chloé Morin, conseillère à Matignon de 2012 à 2016, aujourd’hui experte associée à la Fondation Jean-Jaurès, sur les conséquences politiques que peut avoir la crise du coronavirus en France.

Je constate que la communication a pu dérouter, paraître erratique, manquer de lisibilité. Les injonctions paradoxales ont été nombreuses : le gouvernement a maintenu un certain nombre d’activités – le jogging ou la promenade du chien – qui tranchent avec la gravité de son message sur le confinement. Maintenir le premier tour des élections, c’était aussi envoyer le signal que « tout pouvait continuer comme avant », y compris les rites démocratiques que certains citoyens, abstentionnistes et désengagés, considèrent comme inutiles et non vitaux.

« Le coronavirus provoque un essor massif des outils de télétravail »

Avec la crise sanitaire, les entreprises se convertissent à marche forcée au numérique. Cela pourrait marquer une rupture durable dans les modes d’organisation.

Par Alexandre Piquard

Coronavirus : l’hôpital a droit à un « pognon de dingue »

Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », dans sa chronique, défend l’idée que le système de santé n’est pas un coût, mais crée de la valeur.

Les Français mobilisés par le hashtag  #Onapplaudit créé sur Twitter le disent tous les soirs depuis leur fenêtre ou leur balcon : il n’existe pas de plus belle institution que l’hôpital public, un cri du cœur très rare au pays de la défiance généralisée.

Soumis à un flot ininterrompu de malades infectés par le SARS-CoV-2, submergés dans certaines régions et en passe de l’être dans d’autres, ses personnels sont aux avant-postes d’une « guerre sanitaire » unique dans l’histoire de l’hôpital moderne, né avec les ordonnances Debré de 1958 créant les centres hospitalo-universitaires (CHU) et les praticiens salariés à temps plein, puis conforté par la loi de 1970 instituant la carte sanitaire et un véritable service public.

Il faut l’admettre, aucun pays n’était préparé à pareil tsunami de malades graves, aucun soignant à y faire face. « On est prêt à assurer des crises, des crises ponctuelles, mais on n’est pas du tout prêt à assurer des situations de crise qui durent dans le temps de cette façon-là », résumait le docteur Marc Noizet, chef des urgences de l’hôpital de Mulhouse (Haut-Rhin), dans la région la plus touchée depuis le début de la pandémie. « Il y a l’usure liée au temps, et il y a les conditions d’exercice qui sont compliquées », confiait-il pudiquement en évoquant l’absence des proches pour soutenir les malades – les mourants parfois.

Mais il faut aussi reconnaître que le fléau s’est abattu sur un service public affaibli qui manifestait tous les signes d’une crise grave : grèves à répétition, démissions de chefs de service de leurs fonctions administratives, fuites vers le privé…

De l’avis unanime des personnels, les remèdes du gouvernement – notamment de l’ex-ministre de la santé, Agnès Buzyn – n’ont pas été à la mesure du mal. Ce ne sont pas les primes versées à certains soignants, quelques rallonges budgétaires ou la reprise par l’Etat d’un tiers des 29 milliards d’euros de la dette hospitalière qui allaient guérir ce grand corps malade.

La France n’est pourtant pas chiche de ses deniers, si l’on s’en tient à une stricte approche comptable. En 2018, la consommation médicale a dépassé 200 milliards d’euros, dont 95 milliards dans les soins hospitaliers. Huit CHU français font partie des 100 meilleurs hôpitaux du monde (et 84 des 1 000 premiers), selon le dernier classement de l’hebdomadaire Newsweek.

23 mars

« Coronavirus : les dix jours perdus par le Royaume-Uni dans la lutte contre le coronavirus »

Le pays ferme lundi les écoles et change radicalement de stratégie. Le gouvernement Johnson a progressivement abandonné sa doctrine contestée d’immunité collective.

Par Cécile Ducourtieux

(…) Pourquoi le gouvernement britannique n’a-t-il pas mis à profit ces semaines de retard sur le reste de l’Europe pour tirer la leçon des cas italien et français, et prendre des décisions plus radicales ? Retour sur ces dix jours durant lesquels Boris Johnson a dû totalement revoir sa copie. Dix jours de perdus dans la lutte contre la pandémie, accusent déjà ses très nombreux critiques.

Jeudi 12 mars, le premier ministre annonce le passage à la « phase 2 » de la réponse au coronavirus (l’endiguement), et déclare que les Britanniques doivent s’attendre « à ce que bien plus de leurs proches meurent ». Mais il se contente de recommander l’autoconfinement pendant sept jours de ceux présentant les symptômes de la maladie.

« Coronavirus : dans l’Etat de New York, le gouverneur Andrew Cuomo s’affirme en vrai patron »

Par Arnaud Leparmentier

Ses conférences de presse sont désormais un rendez-vous quotidien. Il rassure, explique, objurgue dans la crise due à l’épidémie de Covid-19. Ses conseils sont suivis avec attention. Non, il ne s’agit pas de Donald Trump et de ses interminables conférences à la Maison Blanche, mais du gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo.

De la capitale de l’Etat, à Albany, à 250 kilomètres au nord de Manhattan, ce démocrate de 62 ans agit en père des New-Yorkais. Fermeture des écoles contre l’avis du maire de Big Apple, commandes en urgence de respirateurs artificiels pour les hôpitaux, interdiction des rassemblements de plus de cinquante personnes, suspension des expulsions et report des échéances d’emprunts immobiliers : le vrai patron, c’est lui, comme dans tous les Etats américains en cas de crise majeure.

On le constate dans l’Etat de New York, 20 millions d’habitants et épicentre de l’épidémie due au coronavirus, avec 15 168 cas et 114 morts. Depuis dimanche 22 mars au soir, toutes les activités non essentielles sont proscrites, mais M. Cuomo, gouverneur de l’Etat depuis 2011, a renoncé à confiner les New-Yorkais en les mettant « aux abris ». « Shelter », ce mot avait été suggéré par l’impétueux maire, Bill de Blasio : il est utilisé lorsqu’il y a un tueur dans les rues et, jadis, en cas d’alerte atomique. Trop alarmiste pour M. Cuomo, qui préfère pédagogie et persuasion….

23 mars

« Confinement : le Conseil d’Etat demande de revoir la copie sur le sport, les marchés et les visites médicales »

La plus haute juridiction administrative somme le gouvernement de revoir certaines dérogations, notamment pour l’activité physique.

Le Monde avec AFP

Le 23 mars, Nicolas Chapuis, Sylvia Zappi et Louise Couvelaire se sont penchés sur le respect des mesures de confinement dans les quartiers difficiles, dans un article qui avait pour titre :

« Coronavirus : dans les quartiers populaires, l’incompréhension face aux mesures de confinement

23 mars encore

Dans le live, les journalistes Simon Auffret et Pierre Bouvier relaient les dernières informations et répondent à vos questions. Aurélie Collas et Julie Carriat étaient aux manettes ce matin-là.

  Le Parlement a adopté le projet de loi permettant l’instauration d’un « état d’urgence sanitaire » de deux mois et le Conseil d’Etat a demandé au gouvernement de réexaminer la question des marchés, des sorties pour jogging et de tests de dépistage

  • Malgré les fermetures des frontières, interdictions de voyage et mesures de confinement, la pandémie due au coronavirus continue de s’étendre. Les pays se barricadent un peu plus et près de 1,7 milliard de personnes, soit un cinquième de la population mondiale, sont désormais assignées à résidence dans 50 pays ou territoires.
  • Selon un dernier bilan, au moins 14 000 personnes sont mortes des suites de la pandémie, dont plus de 7 500 décès en Europe.
  • L’Italie recense désormais plus de 5 476 morts, dont 651 morts en vingt-quatre heures. L’Espagne a enregistré 462 morts en vingt-quatre heures, ce qui porte le nombre total de décès à 2 182. Dans ces deux pays, les hausses des bilans sont moindres que lors des derniers jours.
  • Il n’existe actuellement aucun vaccin ou traitement agréé contre le virus. Mais les initiatives pour trouver un remède s’accélèrent. Un essai clinique européen a ainsi été lancé dimanche dans au moins sept pays pour tester quatre traitements expérimentaux contre le coronavirus

23 mars, enfin…

Lors d’un passage au 20 heures de TF1, le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé le durcissement des mesures de confinement et d’autorisation de déplacement, en vigueur dans toute la France dès lundi 24 mars au soir :

« Sortir pour promener ses enfants ou pour faire du sport, ça doit être dans un rayon de 1 km de chez soi au maximum, pour 1 heure, et évidemment tout seul, et une fois par jour. »

Les marchés ouverts sont désormais interdits, mais « il sera permis aux préfets sur avis des maires de déroger cette interdiction » lorsque le marché, dans certains villages, est « le seul [moyen] parfois » d’avoir « accès à des produits frais ». « Le temps normal n’est pas pour demain (…). Ce temps du confinement peut encore durer quelques semaines. »

Des annonces faites alors que, selon les informations du Monde, le conseil scientifique devrait annoncer mardi au président de la République son avis consultatif sur la nécessité ou non d’une prolongation des mesures de confinement. Le texte de sa décision devrait être rendu public quelques heures après une présentation faite à Emmanuel Macron, qui est le premier à prendre connaissance des travaux du conseil.

Face aux téléspectateurs, le premier ministre a appelé au « devoir civique » de chacun :

« Au-delà de toutes les réglementations que nous pourrons passer, ce qui compte c’est moins la règle que comprendre pourquoi il y a cette règle. S’il y a cette règle, c’est simplement pour protéger les plus fragiles. Comprendre ces règles et les appliquer, c’est un devoir civique que nous devons faire appliquer à tous les citoyens. C’est un événement sans pareil dans ce dernier siècle, qui force notre nation à être soudée et civique. »

Excluant d’appliquer un couvre-feu sur l’ensemble du territoire, M. Philippe a confirmé les propos récents de Christophe Castaner en expliquant que les initiatives locales seront accompagnées : « Nous ne voulons pas le faire à l’échelle de tout le pays mais nous n’hésiterons pas, là où c’est nécessaire, là où les conditions sanitaires l’imposent, à le faire. »

  • Le dernier bilan : 860 morts, dont 186 ces dernières vingt-quatre heures

A suivre….


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